C’est une évidence, les éleveurs de petit gibier ont été mis à rude épreuve avec la crise sanitaire : interdiction de la chasse au petit gibier (sédentaire et migrateur) au cours du mois de novembre (seule était autorisée la chasse en battue des grands animaux, ou plutôt des espèces pouvant causer des dégâts, sur laquelle nous avions émis de sérieuses réserves car elle conduit les chasseurs à n’être que des agents de service public), puis restriction de la possibilité de chasser (avec les normes sanitaires limitant les possibilités de réception, et l’instauration du couvre-feu). Les chiffres sont sans appel : selon le Syndicat national des producteurs de gibier de chasse (SNPGC), principal représentant de la profession, il reste à ce jour un peu plus de 800 000 oiseaux (dont 400 000 faisans, 400 000 perdrix et quelques milliers de canards) dans les volières, sur les 4,5 millions élevés chaque année…
On voit d’ici poindre les critiques acerbes des écologistes, expliquant à grand renfort de slogans sans nuances que ces élevages-là sont une honte pour la chasse. Il est important de souligner que, comme dans toute activité humaine, il y a les bons et les mauvais élèves (et ces derniers doivent être sanctionnés). Il faut aussi rappeler qu’on a, de tout temps, élevé du gibier (depuis Saint Louis), qu’il y a des élevages exemplaires appartenant à l’État (Rambouillet et Saint-Benoît, dans les Yvelines), que ce même gibier n’est pas destiné qu’à être du gibier de tir, mais de repeuplement. Il sert, également, à ce que d’autres espèces (la bécasse en premier lieu) subissent une moindre pression de chasse.
Qu’en faire donc, alors même que le SNPGC estime qu’aujourd’hui « un éleveur sur deux ou sur trois ne pourra pas redémarrer sa saison » ? Les garder en volière ? Si grandes soient-elles, c’est impossible du fait, notamment, qu’entre deux saisons les contraintes sanitaires imposent, à juste titre, de vider les parcs. Les relâcher, afin qu’un petit nombre d’entre eux fasse souche ? Une option qui mérite d’être considérée, en dépit de la présence de la grippe aviaire sur notre territoire, car il semblerait, en revanche, totale-ment surréaliste d’envisager la destruction de ces oiseaux par euthanasie. Aujourd’hui, au moment où nous écrivons ces lignes, les syndicats des éleveurs, soutenus par InterProchasse, la FNC et les filières agricole et avicole, sont en discussion pour évaluer la perte économique liée à la situation.