Il était impossible pour Jours de Chasse de passer sous silence la monumentale et remarquable biographie du ‘‘bon roi Henri’’ sous la plume de Jean-Christian Petitfils. Il ne fallait pas s’attendre à moins de cet auteur, qui nous avait livré de tout aussi volumineux opus sur les quatre autres rois Bourbons. Certes, dans son Henri IV, la chasse n’est qu’effleurée, sous-entendue, mais l’on comprend et l’on sait que ce fut une véritable passion qui alla bien au-delà de la simple distraction d’un homme de son rang, pour celui qui fut prince de Navarre puis roi de France (sur le sujet, nous renvoyons d’ailleurs nos lecteurs à l’article de Manfred de Boissieu paru dans le n°41 de Jours de Chasse).
Avec cette rigueur historique et cette grande qualité d’écriture qu’on lui connaît, sans anachronisme aucun, mal de notre époque, Jean-Christophe Petitfils nous livre un homme presque au jour le jour dans une époque troublée (c’est le moins que l’on puisse dire), violente, où l’on se trucide dans la joie et l’allégresse. Son métier de souverain commence au berceau et dans la montagne où il acquiert force et résistance physiques. Adolescent, il chasse pour calmer ses ardeurs (toutes ses ardeurs !), il chasse tout en imposant son pouvoir, faisant montre d’une grande simplicité… Héritier du trône de France en 1584, il réconciliera les Français avec l’Édit de Nantes (qui était non pas un édit de ‘‘tolérance’’ mais de ‘‘paix’’), rétabli-ra l’autorité de l’État, redressera la France… Toujours étonnant, c’est qu’au milieu des affaires du royaume, il éprouvera le besoin de s’ouvrir sur ce qui le passionne : ses chasses, ses chiens, ses oiseaux (pour la chasse au vol). Au vrai, le noble déduit l’a suivi comme une ombre bienfaisante, comme un bon génie vers lequel il s’est toujours tourné. Une passion qui coûtera cher, mais qui jamais ne le détournera de son ‘‘métier’’ de roi… Jean-Christophe Petitfils nous rappelle com-ment Henri IV, en habile manœuvrier, a su se tenir à l’écart des fanatismes. Bref, un œcuménisme avant la lettre ! « Il incarne une part de l’âme française », résume-t-il.