Le 29 octobre dernier, Christian de Longevialle, président d’honneur de la Fondation François Sommer, disparaissait à l’issue d’une longue maladie, à l’âge de 90 ans. Depuis la création de notre revue, nous entretenions avec lui d’excellentes relations de travail, et partagions une même vision de la chasse et de son devenir. Aussi est-ce tout naturel que nous lui rendions hommage et présentions nos condoléances à sa famille. Christian de Longevialle n’était pas chasseur, et cependant, la chasse a tenu une place majeure dans son existence durant plus d’un demi-siècle, et c’est peu dire que le monde cynégétique lui est grandement redevable. Ancien élève de l’ENA, d’abord affecté à la Direction du Trésor, c’est alors qu’il est nommé au cabinet d’André Malraux, comme responsable des secteurs sauvegardés, qu’il fait la connaissance de François Sommer et que la chasse entre dans sa vie. Chargé par le ministre d’aider François Sommer, Compagnon de la Libération, à trouver, dans le Marais, un bâtiment susceptible d’accueillir les collections d’art que lui et sa femme Jacqueline avaient constituées, il les assiste lors du choix de l’Hôtel Guénégaud, seul édifice subsistant de François Mansart dans Paris, mais en si mauvais état qu’il était en instance de démolition. Comme il nous l’avait raconté dans un entretien pour le hors-série consacré par notre revue au Musée de la Chasse et de la Nature : « François Sommer voulait aller très vite, de sorte que son choix s’est porté sur l’Hôtel Guénégaud plutôt que sur l’Hôtel Salé, l’Hôtel du Grand Veneur ou l’Hôtel de Beauvais, qui convenaient par la taille mais n’étaient pas encore libres. Un accord a été passé avec la ville de Paris sur la base d’un bail emphytéotique jusqu’en 2064. Les travaux ont été menés tambour battant et achevés en deux ans, et l’inauguration officielle eut lieu le 21 février 1967 ».
Dès la création de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature en 1964, Christian de Longevialle fut associé à son destin, d’abord comme administrateur puis, après le décès de François Sommer en 1973, comme trésorier. La confiance que lui accordait Jacqueline Sommer, disparue en 1993, fit que celle-ci le choisit comme exécuteur testamentaire et le proposa comme président de la Fondation, responsabilité qu’il assuma de 1994 à 2011. « Je me suis toujours efforcé de respecter le testament moral des Sommer, nous confiait-il, autrement dit, de maintenir et poursuivre l’esprit de leur Fondation, foyer de rayonnement de la chasse et de la nature vivante. » De l’acquisition et de la rénovation de l’Hôtel attenant de Mongelas à la redynamisation du Club, des actions exemplaires me-nées sur le terrain, dans le domaine de Belval, dans les Ardennes, à la Ferme Saint-Hubert, en Loire-Atlantique, et en Afrique, aux études scientifiques et aux réflexions intellectuelles patron-nées par la Fondation, Christian de Longevialle n’a pas seulement préservé l’héritage de François et Jacqueline Sommer, mais il l’a considérablement développé dans un contexte devenu beaucoup moins favorable à la chasse, en montrant que celle-ci est partie prenante de la sauvegarde des équilibres naturels.