Est-on arrivé à un plafond pour les tableaux de grands animaux ? Peut-être,
si l’on en juge d’après les chiffres de la saison 2020-2021, et même si cette période fut celle du confinement, qui avait contraint les chasseurs à moins se déplacer (même s’ils pouvaient le faire dans le cadre de chasses d’espèces susceptibles de causer des dégâts). En effet, une fois encore, le cap du 1,4 million d’animaux tués a été franchi (hors parcs et enclos, et gibiers de montagne) avec, comme souvent, de fortes disparités. Les tableaux de cerfs affichent une légère progression (plus 1,4 %) avec près de 70 000 animaux tirés (rappelons qu’il y a trente ans, il y en avait moins de 20 000). En tête des départements qui enregistrent les plus importants tableaux : l’Indre-et-
Loire (2536), le Cantal (2210) et l’Indre (2170). Une progression à mettre au compte d’une pression de chasse accrue (demandée notamment par les forestiers, qui exigent toujours plus de tirs afin de limiter les dégâts sur les massifs) et de l’augmentation du cerf en zone de montagne. Stabilisation, en revanche, du côté du chevreuil, qui reste toutefois à des niveaux élevés depuis cinq ans : les tableaux fléchissent certes de 0,9 % pour atteindre tout de même 581 000 animaux, soit 500 000 de plus par rapport à il y a quarante ans ! Cet ‘‘effet de plateau’’ est sans doute à mettre au compte de ‘‘l’effet Covid’’ (les chasseurs ayant préféré mettre l’accent sur le sanglier), du changement climatique, l’espèce y étant sensible. En effet, en dépit d’un printemps de plus en plus précoce, les chevrettes mettent bas toujours à la même époque. Or, le lait des femelles baisse en qualité après le débourrement de la végétation ; les faons naissent donc dans des conditions moins favorables, provoquant une mortalité juvénile plus importante, ce qui peut aussi expliquer sa faible présence dans l’arc méditerranéen. Quoi qu’il en soit, ces deux espèces sont la démonstration éclatante du succès du plan de chasse, mis en place à l’échelle nationale en 1978.

On s’en doute : le sanglier continue de tenir le haut du pavé, avec plus de 800 000 animaux tirés pour la deuxième année consécutive. Toutefois, on constate une stagnation, mais il est bien difficile, aujourd’hui, d’en tirer des conclusions. En effet, s’agit-il de l’effet ‘‘confinement’’ qui a contraint à moins chasser ? S’agit-il, au contraire, des conséquences d’une pression de chasse accrue, et qu’ainsi les populations de sangliers seraient peut-être en passe d’être maîtrisées ? Il est bien trop tôt pour le dire, même si certaines régions, comme le Sud-Est, ont, semble-t il, incité les chasseurs à tirer plus de bêtes noires. D’autre part, souvenons-nous que le tableau progresse par paliers, par cycles de trois ou quatre ans, et que c’est lié en partie à la qualité de la saison fruitière (avec pour conséquence une bonne ou moins bonne reproduction).