Le cabinet immobilier fondé par Bertrand Le Nail dans les années 1970 intervient désormais bien au-delà de la région Grand Ouest. L’un des trois associés, Hervé de Maleissye, nous apporte son éclairage sur l’évolution du marché et le nouvel attrait des propriétés à la campagne.

Comment analysez-vous le marché immobilier sur une longue période ?

Il faut remonter 30 ans en arrière pour comprendre l’état actuel du marché, son évolution tant au niveau patrimonial que sociétal, qui traduit la transformation des modes de vie des Français. Historiquement, la valeur des propriétés suivait une courbe parallèle à l’immobilier parisien, avec des prix très inférieurs. On voyait clairement le phénomène de réemploi qui s’opérait entre la vente d’un appartement à Paris et l’achat d’une propriété à la campagne. L’avènement des acteurs étrangers, les Anglais en tête, à partir des années 1990, est venu sou-tenir le marché. Les étrangers ont représenté jusqu’à 20 % des acquéreurs.

À partir des années 2000, les différentes crises financières se sont succédé ; la crise de 2007 a conduit à un effondrement du marché immobilier français. Si le marché parisien s’est redressé de façon exponentielle, celui des propriétés à la campagne est resté étale. Les Français ont manifesté davantage d’intérêt pour les propriétés en bord de mer, à la montagne, et pour les voyages. Le modèle familial de la maison de campagne a disparu, d’autant plus que, dans l’imaginaire collectif, il fallait d’abord être propriétaire de sa résidence principale. Mais, depuis quelques mois, de plus en plus de nos clients s’interrogent sur les risques de bulle sur le marché parisien et arbitrent en faveur d’une propriété à la campagne. 

Le modèle de la maison de famille renaît de ses cendres grâce à la crise sanitaire… 

Les chiffres parlent d’eux mêmes : les volumes de transactions ont augmenté de 40 % en 2020 dans notre cabinet, et ce, grâce aux outils technologiques qui permettent les visites virtuelles. Mais attention, il ne faut pas tomber dans la caricature : les Parisiens ne quittent pas massivement Paris, comme on le lit parfois, ne serait-ce que pour des questions de scolarisation des enfants, d’environnement social ou de profils professionnels qui ne permettent pas le télétravail. En revanche, les ménages qui avaient le projet d’acheter une propriété sont passés à l’acte.

Quelles sont les propriétés les plus recherchées ?

Sur notre segment, 70 % des critères de choix font référence à l’irrationnel, au subjectif. C’est le coup de cœur qui fait la vente. Seulement 30 % se rapportent au rationnel, à savoir une localisation précise, le budget... Pour les appartements parisiens, le ratio s’inverse. Actuellement, ce sont les propriétés d’une valeur inférieure à 1 million -1,2 million qui sont les plus recherchées. Les biens d’une valeur supérieure, qui s’adressent davantage à des étrangers, attendent des jours sanitaires meilleurs. Notre site compte environ 300 propriétés à la vente et plus de 100 000 visiteurs par mois, dont 60 % d’étrangers, des Américains, des Anglais, des Australiens…

La demande de propriétés de chasse augmente-t-elle ? 

Les chasseurs manifestent un besoin croissant de proximité avec la nature. Ils souhaitent investir davantage dans des territoires de gibier naturel que dans des chasses intensives. L’aspect fiscal de l’investissement forestier est également un facteur clé, qui conduit à un net regain d’intérêt des investisseurs, à la fois institutionnels et particuliers, pour les propriétés boisées.

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