C’est avec une grande émotion que nous avons appris la disparition de notre ami Bernard Lozé. Nous l’avions eu au téléphone à plusieurs reprises au moment du décès tragique d’Olivier Dassault : il en avait été très affecté, et il avait tenu à rendre hommage à son vieux compagnon de route dans un texte plein de sensibilité et de drôlerie. Tous ceux qui ont eu la chance de l’approcher ont été frappés par sa rare courtoisie et son sens inné de l’hospitalité, sans oublier son talent de conteur. Ce passionné de chasse, de nature, cet homme d’affaires averti était aussi l’un des plus fidèles soutiens de Jours de Chasse depuis ses débuts : nous lui avions consacré une visite privée dans sa très belle propriété de Vieux Maison en Sologne, et il nous avait accordé des Confidences (voir Jours de Chasse n°42) lorsqu’il était président de la délégation française du Conseil international de la chasse. C’est à ce titre qu’Emmanuel Michau, actuel président de cette délégation, a tenu à lui rendre lui aussi hommage.
Jours de Chasse présente ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Comment mieux décrire Bernard qu’en disant ‘‘il était du 1er RPMIa’’ (1er Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine), ce régiment d’élite de l’armée française, opérant principalement sur les terrains extérieurs ? Des hommes très bien formés, souvent livrés à eux-mêmes, dans des opérations délicates. Bernard avait fait sienne leur devise : Qui ose gagne. C’était tout lui. Il était exigeant avec lui-même. Lorsqu’il a débuté dans la finance, il s’est formé auprès des meilleurs et s’est lancé : c’est en osant qu’il a réussi. Oui, il aimait être au sommet et, à juste titre, car il avait un charisme indéniable ainsi qu’un réel talent pour rassembler et entraîner les autres vers le meilleur ; il aimait les gens, et les gens l’aimaient.
La chasse ? C’était un héritage familial, souvenirs d’enfance lorsque son père l’emmenait, cette complicité qui marque à tout jamais. Bernard ne pouvait que devenir le très grand chasseur qu’il est devenu : il a tout vécu, tout connu, tout partagé, avec les plus grandes personnalités du monde. Il a fait don de sa collection extraordinaire de trophées pour les faire partager avec les générations à venir. Au coin du feu, il pouvait vous faire faire plusieurs fois le tour du monde avec ses histoires de chasse.
Ce qui frappait immédiatement, c’était sa mémoire, infaillible. Il était tellement précis dans ses narrations qu’il pouvait donner le nom de chaque territoire et de chaque convive, dont il déroulait les talents, car il était comme cela.
En rentrant au CIC (le Conseil international de la chasse pour la protection de la biodiversité), il a trouvé une organisation de chasseurs tournée vers l’international, faite d’échanges, de camaraderie et de voyages. Comme il parlait six langues, il s’est rapidement rendu indispensable et, après avoir longuement franchi toutes les étapes, il a été sollicité pour en prendre la présidence pendant six ans. On peut dire sans risque d’être accusé de chauvinisme que la présidence de Bernard Lozé a marqué durablement cette organisation. Il a su rassembler, il a su donner une ligne de force au CIC, il a su intervenir pour défendre l’apport économique parfois crucial de la chasse au niveau des populations locales, et conseiller des gouvernements ; il a su donner l’élan nécessaire pour élargir encore l’influence du CIC en faveur de la protection de la biodiversité, sans compromission.
Parmi ses nombreuses passions, son château de Vieux Maison était sans doute la plus grande. Il y rassemblait tous ceux qu’il aimait ; ses amis étrangers s’y retrouvaient aussi, tous autour d’une passion commune, autour de discussions sur l’évolution de la faune et la lutte pour la conservation du gibier sans frontière. C’est cette communauté qui donnait à la chasse tout son sens. La délégation française du CIC lui doit tout, et moi, son principal serviteur, plus singulièrement encore. Avoir un modèle, c’est un atout considérable lorsqu’il s’agit de mener les combats pour la défense de nos valeurs ; c’est pourquoi nous avons repris sa devise : Who dares wins.