Confinements, abattage d’oiseaux par millions, interdiction de la chasse, etc. : les saisons se succèdent, et l’application intangible du maudit principe
de précaution frappe – toujours et encore. Chaque année, la grippe aviaire ‘‘réapparaît’’ ; chaque année, les mêmes mesures resurgissent. Des mesures drastiques, technocratiques, sinon idéologiques – pardon : ‘‘sanitaires’’… Celles-ci ont-elles fait leurs preuves ? Nous allons vous raconter une petite histoire, véridique, et transposable à bien d’autres régions de notre pays. Nous sommes dans un village de l’Orne. La chasse à la hutte a commencé le 21 août ; l’ouverture générale a eu lieu le 25 septembre. Le 9 octobre, dans une basse-cour située aux environs de cette commune, une mortalité anormale d’oiseaux de ferme est détectée. Analyse des 25 poules et 4 dindes, puis verdict : influenza aviaire hautement pathogène. La machine se met en route ; le 14, la préfecture publie un arrêté. Dans unrayon de 10 km, une « zone de surveillance » est établie et, dans un rayon de 3 km, une « zone de protection ». C’est cette dernière qui nous intéresse. Les mesures concernant « les activités cynégétiques » ? Introduction dans le milieu naturel de gibier à plume : interdite. Transport et utilisation des appelants : interdits. Chasse au gibier d’eau : interdite. Et, le meilleur pour la fin : la chasse au gibier à plume, toute plume donc : interdite. Jusqu’à quand ? Que nous puissions prendre notre mal en patience, et pratiquer notre passion dans le strict respect des règles… Réponse : les mesures pourraient être levées, au mieux, dans un délai de 21 jours à compter de la désinfection
de la dernière exploitation touchée (destruction du cheptel, contrôles vétérinaires, etc.). Encore faut-il que d’autres foyers n’apparaissent pas alentour… Le virus ignorant les bornes kilométriques, de tels foyers se sont évidemment déclarés. Un, notamment, à quelques encablures du village ornais, mais dans le département voisin de l’Eure, fin novembre. Rebelotte. Passons sur les détails ; voici l’essentiel : depuis le 14 octobre, et alors que nous sommes en décembre, les interdictions que nous venons d’énumérer sont encore en place dans le périmètre dit de zone de protection – à l’exception, depuis le 24 novembre, des espèces ‘‘non-gibiers d’eau’’, de nouveau chassables mais… hors zones humides, proximité de rivière, etc. La chasse dérangerait les oiseaux et favoriserait la diffusion du virus. La chasse ? Pas celle du poil, curieusement. Questions : depuis quand le fait de ne pas chasser les migrateurs – canards, pigeons, bécasses, grives, etc. – garantit- il ‘‘l’immobilisation’’ de ces oiseaux, surtout sur de si petits secteurs ? Quel sens ces interdictions revêtent-elles, si le ‘‘problème’’ est national, voire international ? Pour les chasseurs, dont nous sommes, qui ne chassent presque que la plume, n’est-il pas injuste de payer un permis pour une saison amputée dans de telles proportions ? Qu’en serait-il si les mêmes mesures devaient, pour d’autres raisons, être appliquées au sujet du
sanglier ? Voudrait-on tuer la chasse du gibier à plume et écœurer un pan de la chasse populaire que l’on ne s’y prendrait pas mieux. Enfin, quid des engagements des instances cynégétiques, et des pouvoirs publics, en la matière ? Il est vrai que Willy Schraen, président de la FNC, a déclaré, en octobre dernier : « Le ministère de l’Agriculture subit de fortes pressions émanant de l’Europe, pour que la chasse soit interdite dans toutes ses pratiques, dès que la maladie apparaît sur un territoire »…