La rencontre entre Robert Meacham Davis et Katheleen Johnston sur fond de Première Guerre mondiale réunit tous les ingrédients d’une belle histoire… Le lieu : château Dauzac dans le Bordelais. Il est pasteur presbytérien, mais aussi poète, artiste et journaliste, envoyé sur le lieu du conflit 1914-1918 comme commissaire de la Croix-Rouge américaine ; elle est la fille de Nathaniel Johnston, propriétaire à l’époque de ce 5e cru classé de Margaux (ainsi que de Ducru-Beaucaillou à Saint-Julien) et infirmière pour la Croix-Rouge française. C’est un véritable coup de foudre ! À la fin des hostilités, ils se marient et décident d’acquérir Monbrison, une petite propriété située au milieu des graves d’Arsac. Son vignoble connaîtra bien des vicissitudes dont la plus importante est son arrachage en 1939… Il ne retrouvera sa forme actuelle qu’en 1963.

Au XVIIIe siècle, le château Monbrison n’est qu’une métairie de la propriété voisine du château d’Arsac, appartenant alors à la puissante famille de Ségur. Après être passé entre les mains de divers propriétaires au fil du temps, c’est en 1922 que Monbrison est acquis par Robert M. Davis pour y installer sa famille avant d’entreprendre de l’aménager. Mais en 1940, ce citoyen américain est sommé de quitter le territoire dans les quinze jours…
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, c’est Élisabeth, la plus jeune des filles, qui reprendra les rênes du domaine. Mariée à Christian Vonderheyden, elle rachète les parts de ses soeurs, fait des fermages auprès de voisins propriétaires d’anciennes parcelles du vignoble de Monbrison et redonne vie à une exploitation à laquelle elle a toujours été très attachée. Elle reste aujourd’hui une figure tutélaire de Monbrison. En 1976, Jean-Luc, le deuxième fils, devient responsable de la vinification et le restera jusqu’à sa disparition prématurée en 1992. C’est Laurent, le troisième fils, qui viendra continuer l’oeuvre familiale, après avoir vécu une douzaine d’années aux États-Unis pour diriger sa propre entreprise. Depuis, c’est lui qui préside aux destinées de ce joli domaine et ses quatre enfants semblent être une promesse de pérennité ! Sous son impulsion, un nouveau chai a été aménagé pour la réception de la vendange, un nouveau cuvier béton es venu agrandir les installations, la thermorégulation et la gravité ont été généralisées, le remembrement du vignoble se poursuit en plantant à 8 300 pieds par hectare… « Mais le bon sens est là pour suppléer la technique, souligne Laurent Vonderheyden, c’est à la vigne que l’on fait un grand vin ! »

Aujourd’hui, le château Monbrison compte 13,20 hectares d’un vignoble dont l’encépagement se répartit ainsi : 50 % cabernet sauvignon, 30 % merlot, 15 % cabernet franc et 5 % petit verdot, sur un terroir graveleux, pratiquement d’un seul tenant, sur le plateau connu sous le nom de Poujeaux, jouxtant Le Tertre et Angludet d’un côté, Gicours de l’autre – un prestigieux voisinage… – et longé par le chemin vicinal reliant Arsac à Margaux. Le château est plutôt une charmante gentilhommière dont la partie la plus ancienne remonte au XVIIe siècle. Selon une légende, un souterrain secret – qui aurait été utilisé pendant la Révolution – relierait le château d’Arsac à celui de Monbrison, pour se poursuivre vers la Gironde. Il n’a jamais été exploré. Jusqu’à ce jour…

www.chateaumonbrison.com

OEil, nez, bouche Finesse, élégance, caractère

Lutte raisonnée. Sélection parcellaire. Vendanges manuelles en cagettes. Vinification traditionnelle. Vieillissement 18 mois en barriques de chêne français (50 % neuves, 50 % d’un vin).

Château Monbrison 2014. 72 % Cabernet Sauvignon, 28 % Merlot. Robe pourpre, dense. Nez suave et épicé, au fruité noir très mûr, avec une note de réglisse. Bouche savoureuse, aromatique et fruitée, complexe avec une finale persistant dans l’élégance et la douceur.

Château Monbrison 2012. 68 % Cabernet Sauvignon, 29 % Merlot, 3 % Petit Verdot. Robe rubis sombre. Nez intense, floral et fruité, expressif. Bouche à la texture harmonieuse, tannins veloutés sur trame fine, bel équilibre, finale aromatique très persistante dans une fraîcheur subtilement réglissée.
Château Monbrison 2010. 69 % Cabernet Sauvignon, 28 % Merlot, 3 % Petit Verdot. Robe pourpre profond. Nez tout en finesse, aux arômes fruités/épicés. Bouche très dynamique, fraîche et équilibrée, à la finale longuement poivrée. Ensemble structuré, élégant, doté d’une belle maturité à la fraîcheur persistante.

L’abus d’alcool est dangereux
pour la santé, à consommer avec modération.