Sans hésitation aucune, c’est un livre à lire par tous les passionnés de chiens, mais aussi par tous ceux – et ils sont légion ! – qui ont des préjugés envers la chasse à courre et les veneurs, accusés, entre autres, de maltraiter leurs chiens. En un peu plus de 200 pages, Henry Séchet, maître d’équipage du rallye Chouan, met à mal bien des idées reçues et des approximations grossières, rétablit des vérités, en racontant simplement ce qu’est la vie d’un chien de vénerie. Pas ou peu question de laisser-courre ici, mais du quotidien, de la routine, sans fard, ni apprêts. C’est l’évidence même de rappeler que les chiens sont l’âme de la vénerie : sans eux, pas de chasse. Une meute, c’est un orchestre, où chaque chien doit jouer sa partition, où chaque chien est l’objet de toutes les attentions. « Du beau et du bon » : Henry Séchet essaye d’appliquer cette devise à ses quatre-vingts chiens (des poitevins et des anglo-français). Il livre son expérience, fruit d’une longue observation. Il nous parle de psychologie canine, des caractères, de la hiérarchie, des sens (à commencer par le flair, essentiel, avec ces chiens qui viennent sentir les jarrets des chevaux « pour en mémoriser l’odeur et ainsi nous localiser plus facilement pendant la chasse »). Il évoque le fameux chien ‘‘de change’’, « fruit d’un discernement olfactif exceptionnel ». Chenil, élevage, génétique, entraînement… Il n’élude aucun sujet, pas même celui de la vieillesse. Tout est passé en revue, avec force anecdotes et détails. Il raisonne chien, en chien, pour comprendre cette « mécanique prodigieuse que la vénerie nous permet de mesurer et d’apprécier à sa juste valeur tant notre discipline est exigeante ». Bref, il doit être exemplaire avec ses chiens car ils « chassent pour eux et pour nous ».
Markhor, 237 pages, 25 €.