Alors que la saison débute, l’Office français de la biodiversité a communiqué – comme une indispensable piqûre de rappel – le bilan définitif des accidents de chasse de l’année dernière, soit 2022-2023. Avec six accidents mortels (contre 8 un an plus tôt), c’est le chiffre le plus faible depuis l’établissement des premières statistiques (rappelons simplement que lors de la saison 1999-2000, il y avait eu 29 morts à déplorer). Globalement, le nombre total d’accidents s’établit à 78, soit une baisse de 62 % en vingt ans. Même s’il est tentant de mettre en avant le fait qu’avec 8 à 10 millions de balles tirées en moyenne chaque saison (et l’on ne compte pas les millions de cartouches à grenailles), le bilan serait somme toute satisfaisant, le monde cynégétique ne peut et ne doit pas s’en contenter, bien qu’en matière de sécurité des pas de géants aient été accomplis et continuent de l’être (formation à la sécurité lors du permis de chasser, formation des chefs de ligne, formation obligatoire pour tous les chasseurs…). Outre le fait que ce raisonnement est inaudible pour le grand public, c’est avouer en creux qu’au fond, c’est le prix de la fatalité.

Un tel discours n’est pas tenable, car il ne correspond pas à la réalité. En effet, à ces six accidents mortels, il faut ajouter 47 accidents ‘‘graves’’ (qui ont touché 44 chasseurs et trois non-chasseurs). Or, explique-t-on à l’OFB, si toutes les règles de prudence avaient été respectées, la quasi-totalité des accidents aurait pu être évitée. Quand un drame survient, une ou des règles de prudence ont été enfreintes, qu’il s’agisse du non-respect de l’angle de tir des 30° (majoritaire dans les accidents mortels ou graves), d’une mauvaise identification, d’un tir non fichant… Trait commun à tous ces accidents : ils se sont déroulés, comme toujours, lors de chasses aux grands animaux en battue (62 %) et majoritairement au sanglier. Autre statistique dont le monde de la chasse se passerait volontiers : les incidents, au nombre de 84 (contre 104 lors de la précédente saison), dont 48 concernent des tirs en direction des habitations, 15 vers des véhicules et 21 vers des animaux domestiques, chiffres qui donnent, disons-le tout net, une image déplorable de la chasse.

Faut-il en conclure que la situation est sans retour, et que ces chiffres sont des points bas, sous lesquels il sera difficile de descendre ? Assurément pas, car rappelons que d’immenses progrès ont été réalisés : en un peu plus de vingt ans, les accidents mortels ont été divisés par 4, alors même que le tableau de chasse des grands animaux a bondi de plus de 50 %, pour atteindre aujourd’hui 1,5 million. Le monde cynégétique le sait : il doit être encore plus irréprochable, en ne cessant jamais de répéter que les chasseurs doivent être ridicules de prudence. Car ne pas tirer est aussi un acte de chasse.