C’est une stabilité en trompe-l’oeil. Selon les statistiques publiées par la FNSafer, le prix des terres et des prés s’est établi en moyenne à 6000 euros l’hectare en 2019, stable pour la deuxième année consécutive, mais comme toujours avec une forte disparité selon les régions. Dans le Bassin parisien, les prix dépassent les 9000, voire 10 000 euros, tout comme sur le pourtour méditerranéen, où la pression urbaine est restée très forte, dopée par les taux d’intérêt historiquement bas. Les prix de la vigne ont continué à battre des records : 15,5 millions d’euros l’hectare en Côted’Or pour un Bourgogne grand cru, 4,5 millions d’euros en Gironde pour un Pomerol, et 1,9 million d’euros pour un hectare de vigne en Champagne (Côte des Blancs). Tous segments confondus, le marché a été dynamique, avec une progression de 4 % des transactions : plus de 424 000 hectares de terres ont ainsi changé de mains, représentant une valeur de 5,4 milliards d’euros (+10 % par rapport à 2018) ! Des niveaux jamais égalés jusqu’à présent, qui s’expliquent, selon la FNSafer, par le nombre de départs en retraite des agriculteurs et viticulteurs (entre 2020 et 2030, un tiers des exploitants agricoles serait en âge de partir à la retraite). Côté demande, la part des investisseurs personnes morales ne cesse de croître pour représenter désormais près de 20 % des transactions en valeur. « Officiellement, les acquisitions réalisées par les personnes résidant à l’étranger représentent seulement 3,7 % du marché car les achats par les sociétés immatriculées en France mais détenues par des étrangers ne sont pas comptabilisés », a précisé Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des Safer. Les terres de grandes cultures agricoles situées dans le nord de la France restent très prisées des acquéreurs belges et allemands. À l’opposé, les terres d’élevage peinent à trouver preneurs, en particulier en Basse-Normandie, Limousin et Auvergne. « Je veux aujourd’hui lancer un cri d’alerte : l’élevage est en danger (…) et, sans lui, pas d’agronomie, pas d’équilibre dans les grands cycles de production, pas de valorisation des prairies », avertit Emmanuel Hyes. Sans compter le risque sur la biodiversité.