Prenez ce qu’il y a de moins ragoûtant dans La Grande Bouffe de Marco Ferreri (1973), ce qu’il y a de plus écœurant dans l’Hannibal de Ridley Scott (2001), et ajoutez-y – à votre guise – quelques scènes particulièrement malsaines extraites de l’œuvre de Buñuel ou – mieux – de La Philosophie dans le boudoir de Sade : si la liste des ‘‘ingrédients’’ possibles n’est pas exhaustive, vous aurez cependant ainsi une petite idée des effluves répugnants qui se dégagent de la lecture de ce roman. L’histoire ? Elle tient en peu de mots : écrivain reconnu, ami des bêtes, Charles Aubignan, 70 ans, fait la rencontre de deux jeunes militants de la ‘‘cause animale’’, Laura et Patrick Glostrob, lesquels s’occupent d’une espèce de refuge dans le Sud-Est de la France. Tout ce petit monde se demande comment il pourrait bien s’y prendre pour ‘‘sensibiliser’’ définitivement l’opinion publique au sort de nos « frères » qui, chaque jour, prennent le chemin de l’abattoir. Tombé sous le charme de Laura, Charles a soudain cette idée lumineuse : se faire volontairement enfermer et engraisser comme un cochon destiné à la boucherie- charcuterie par ses deux comparses, filmer chaque étape du « programme » et publier enfin le tout sur les réseaux sociaux. Chouette projet… ‘‘pédagogique’’ à souhait ! De fait, Giesbert ne nous épargne rien de sa réalisation – mais, pour notre part, nous vous ferons grâce du moindre exemple, tant cette accumulation de perversités et de monstruosités, fort efficacement narrée au demeurant, confine bien davantage au sadomasochisme extrême qu’à la littérature engagée.

Au vrai, végétarien de très longue date, auteur notamment de L’Animal est une personne (2014), FOG signe ici un livre dont le seul mérite est de souligner à quel degré de sidérante déraison certains de nos contemporains
sont parvenus s’agissant de la relation homme/animal. Rien qu’une bête, un plaidoyer flamboyant en faveur de ce dernier, comme on le lit ici ou là ? Assurément, non ! Gageons même qu’il desservira en définitive la cause – légitime à certains égards – qu’il prétend défendre. Et gageons également que si un tel texte – suppurant de toutes les contradictions de l’antispécisme – n’avait pas eu pour auteur une star installée depuis longtemps dans l’espace médiatique, aucun éditeur sérieux n’aurait osé publier ce qui s’apparente littéralement à un vomitif – gratuit, sans excuses, et sans la moindre hauteur de vue.

Albin Michel, 368 pages, 19,90 €.