Les couteaux Randall existent depuis 1938. Fabriqués à Orlando, aux États-Unis, il s’agit d’une petite production très contrôlée, fidèle à une qualité irréprochable qui leur confère une renommée mondiale.
Tout commence lors de l’été 1937, quand Walter Doane Randall Jr, que l’on surnomme Bo, se promène près d’un lake dans le Michigan. Il y croise un homme qui nettoie son bateau et en racle la peinture avec un couteau qui semble remarquablement bien fait. Bo l’examine de plus près, et constate qu’il est intact après un usage aussi rude. Il insiste auprès de l’homme pour lui acheter l’objet. C’est le premier couteau entièrement fait main qu’il peut admirer. Cette découverte donne l’envie à Bo de faire lui-même un couteau aussi beau : il se met au travail dès son retour en Floride. Les premiers couteaux de Bo Randall sont forgés dans de l’acier carbone de récupération. Il les fabrique pour son usage personnel, en offre à des amis et en vend quelques-uns dans la boutique de son beau-père. Bo passe tout son temps libre dans sa petite forge à faire des couteaux ; il les veut simples, résistants et fonctionnels, pour un usage en extérieur. En parallèle, il gère la plantation d’agrumes familiale, mais les années passent, et il songe sérieusement à faire de la coutellerie son métier à part entière.
La Seconde Guerre mondiale va marquer un tournant pour les couteaux Randall, quand un jeune marin vient trouver Bo et lui demande de lui confectionner un couteau de combat pour se défendre. Randall lui confectionne un couteau très résistant, qui deviendra l’emblématique N°1 ‘‘All Purpose fighting knife’’ (1943). À la vue de ce magnifique couteau, les autres soldats veulent le même, et le Randall N°1 devient vite l’incontournable couteau de survie. Un journaliste s’empare rapidement de l’histoire du jeune marin et, après son article, des lettres affluent de tout le pays avec des commandes au nom de « l’homme qui fait des couteaux à Orlando ». Toute la famille Randall se retrouve alors à fabriquer et à vendre des couteaux.
Dans les années 1950, les ventes sont au plus haut. Et, avec une aussi forte demande, il est tentant de développer des méthodes pour une production plus massive… Mais Bo résiste, et garde des couteaux 100 % fait main. Pour cela, il installe un grand atelier dans lequel il forme des apprentis et y contrôle la qualité de chaque couteau. En 1952, Bo crée avec un pilote d’hélicoptère exceptionnel, Tommy Thompson, le célèbre modèle N°11 ‘‘Alaskan Skinner’’, en 1960, avec la NASA, le magnifique couteau ASTRO N°17.
Depuis ce temps-là, les couteaux Randall sont utilisés par des soldats, des marins, des pilotes, des astronautes, des chasseurs, des pêcheurs, des amoureux de nature, et bien d’autres les utilisent pour des activités en extérieur ou les collectionnent. Ce sont des couteaux rares qui, parfois, se font attendre, mais dont la qualité et la beauté sont toujours au rendez-vous.
C‘est dans le Puy-de-Dôme, à Thiers, capitale de la coutellerie française, que, depuis 1883, la famille Chambriard travaille à la fabrication et à la vente de ses propres modèles et propose aussi, dans sa boutique, une large sélection d’autres couteaux de marques, souvent made in Thiers. Leur couteau pliant le ‘‘Compagnon’’, né en 1998, est un modèle ‘‘Thiers’’, fabriqué dans le respect de la coutellerie française, fin et élégant, avec un beau guillochage sur le ressort et qui se décline en différents bois et cornes pour le manche. En 2004, un modèle plus grand voit le jour, le ‘‘Trappeur’’, parfait couteau pour les activités en extérieur, qui existe aussi avec un tire-bouchon pour les bons-vivants. En 2018, un modèle plus petit, le ‘‘Mi-Jo’’, rend hommage à Marie-Jo Chambriard, la matriarche tant aimée de cette famille. Quand on va à Thiers, s’arrêter chez Chambriard est un passage obligé. Et sur la place, juste à côté, il faut aller voir l’horloge, un forgeron en sort à heure fixe pour frapper chaque heure d’un coup sur son enclume.
Cet article a été écrit par Caroline Kindal, de la coutellerie Kindal. Rens. : 23 bis, rue de Constantinople, 75008 Paris / Tel : 01 42 61 70 78
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