Malgré la hausse des taux, les marchés financiers ont tenu bon, comme l’avait anticipé Dominique Villeroy de Galhau, membre du comité de direction de la Financière Tiepolo. Il nous livre ses nouvelles prévisions.
Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre boursier ?
Comme nous l’avions écrit en janvier dernier, il était possible de prévoir une reprise des marchés financiers tant pour les actions que pour les obligations. Recul de l’inflation, stabilisation des taux d’intérêt et forte hausse des bénéfices des entreprises (+ 25% en moyenne pour l’année 2022) constituaient les parfaits ingrédients pour une reprise après des baisses parfois excessives. Le bilan du 1er semestre 2023 a donc été logiquement très bon pour à peu près toutes les classes d’actifs, notamment les valeurs technologiques et du luxe. Ces hausses des marchés ont en outre été accompagnées par une baisse marquée de la volatilité, preuve que le stress a diminué. À noter, toutefois, que les petites et moyennes valeurs n’ont pas profité de ce rebond.
Le cycle de hausse des taux vous semble-t-il terminé et l’inflation prête à ralentir ?
Oui, nous pensons que ce cycle est bientôt terminé tant aux États-Unis qu’en Europe. La Federal Reserve a été assez claire dans ses dernières communications et la BCE devrait faire de même avec un petit décalage. Finies les hausses de taux brutales ! L’inflation est en recul et ça va continuer. Les dernières statistiques sont nettes. Nous pensons, chez Tiepolo, que l’objectif autour de 2 % pour la France et l’Europe à fin 2024 est possible. Ce taux, du reste, constitue l’objectif à long terme de la BCE… N’oublions pas que le revers de l’inflation est la déflation, dont les conséquences peuvent être bien pires pour la croissance économique… Soyons prêts à vivre avec un taux d’inflation récurent entre 2 et 3 % pour les prochaines années.
Dans ce contexte, quels placements faut-il privilégier ?
Avec le recul, il est une fois de plus aisé d’observer que la gestion de portefeuilles est affaire de temps. Les chocs successifs du Covid (mars 2020) et de l’invasion de l’Ukraine (février 2022) ont été absorbés par les marchés qui ont retrouvé des couleurs et se rapprochent des points hauts. Sur longue période (5 ans minimum et plus si possible), les actions continueront d’offrir des rendements supérieurs aux autres classes d’actifs, de l’ordre de
– sans garantie cependant – 7 % à 8 % par an. Après le crack de 2022, le marché des obligations est redevenu attractif. On peut prétendre aujourd’hui à des rendements supérieurs à 4 % sur des fonds obligataires bien choisis avec des durations de moyen terme (2025-2026). À l’inverse, je mets un clignotant rouge sur l’immobilier, qui entame un cycle de baisse qui pourrait être fort. Après 20 ans de hausse continue et dans le contexte actuel, son retournement est logique. Attention aux mauvaises surprises possibles sur les SCPI dont on oublie trop vite qu’elles reposent sur des investissements non cotés et pas toujours liquides. Des performances négatives pour les prochains semestres ne sont pas à exclure.
Comment bien sélectionner les petites capitalisations dans lesquelles investir ?
Le segment des petites valeurs doit être appréhendé avec une vision longue. La connaissance très forte des sociétés choisies est une clé essentielle du succès. L’analyse complète des informations financières classiques (qualité du bilan, du compte d’exploitation, entre autres) mais aussi des éléments extra-financiers sous l’angle des aspects ESG (Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance) prend du temps. Il faut aller visiter les sites de production et passer du temps avec le management. Chez Tiepolo, nous avons une équipe de six gérants-analystes qui s’affairent tous les jours à sélectionner les pépites. En France, on trouve de nombreuses PME/ETI cotées qui constituent un socle performant de notre économie. Ces valeurs n’ont pas encore profité de la reprise boursière, alors que leurs niveaux de valorisation sont en dessous des moyennes historiques. Leurs résultats attendus pour 2023 restent très bons et nous croyons à une reprise. Des titres comme GTT, Infotel, NEOEN, Robertet ou encore Sword Group peuvent prendre place dans des portefeuilles de long terme.