Depuis 1830, le cabinet Andriveau mène avec une expertise unique la recherche d’héritiers à travers la France. Retour sur une success-story familiale avec Jacques-Régis du Cray, le directeur de la recherche.
Le cabinet Andriveau a été pionnier dans le monde de la généalogie. Quel fut le point de départ ?
Il convient tout d’abord de rappeler que notre métier n’existait pas sous l’Ancien Régime. Les populations rurales étant regroupées, les notaires retrouvaient facilement les héritiers après un décès. Notre raison d’être est apparue avec la révolution industrielle et l’accroissement de la mobilité des Français, tentés de partir à l’aventure vers la capitale et les grandes villes. C’est ainsi qu’est née la société, en 1830, au début de la monarchie de Juillet. Le fondateur du cabinet, Hippolyte Trannoy, décide de quitter la Somme pour s’installer à Paris. Après avoir tenu un hôtel Rive droite et fait du commerce de vins en gros, il profite de son carnet d’adresses pour proposer aux notaires de rechercher les héritiers inconnus. À l’époque, il a un principal concurrent, le cabinet de Jacques Navoit, dont les archives sont données par son fils à notre cabinet et dont la structure est ensuite rachetée. Très vite, les affaires se développent, Hippolyte Trannoy s’associant à d’autres agents d’affaires en 1838 puis à de jeunes avocats généalogistes, dont Gustave Pelletier en 1875, l’arrière-arrière-grand-père de Matthieu Andriveau. Il s’agit donc aujourd’hui de la cinquième génération de la famille à la tête du cabinet.
Quel a été l’âge d’or du cabinet ?
À partir de 1880, le cabinet rachète les affaires concurrentes et, en 1890, Andriveau a le monopole sur tous les généalogistes de Paris. Il crée ensuite des antennes régionales à Rouen, Lille, Marseille et Lyon. S’il a connu un énorme essor au XIXe siècle avec les déplacements de la population en France, d’abord dans l’Est de la France, puis un peu partout, y compris à l’étranger, la société s’est également développée grâce au mouvement d’immigration des populations italiennes, polonaises… que la France a connu au XXe siècle. Mais l’âge d’or, c’est maintenant ! Le cabinet dispose de 17 succursales régionales. Nous récoltons les fruits de la mondialisation. Sur les 600 000 décès observés chaque année en métropole, les généalogistes interviennent sur environ 17 000 successions.
En quoi consiste exactement votre travail ?
Il y a généralement trois cas de figure. Soit aucun héritier ne se présente, et il s’agit pour le cabinet de le ou les retrouver. Soit une partie seulement des héritiers se manifeste, et nous sommes chargés de chercher les personnes
manquantes. Soit les descendants sont identifiés mais le notaire veut vérifier leur légitimité. Quel que soit le travail de recherche, l’état civil, qui permet de fixer l’identité précise de chacun, avec l’heure de naissance, de mariage et de décès, constitue notre source numéro un. On ne peut établir de tableaux d’héritiers que lorsque les filiations sont clairement établies. Un enfant naturel doit être reconnu par ses deux parents. Actuellement, nous disposons de données nous permettant de remonter jusqu’au sixième degré
de parenté d’un défunt. Nous avons récemment retrouvé une héritière dont le père est né en 1846 !
De quels fichiers disposez-vous ?
Avant 1881, afin de retrouver les oncles et frères, de grands fichiers étaient établis par nos prédécesseurs pour indexer la population, sur la base de plusieurs sources : les listes électorales, les pensions civiles, les listes de mariage, etc. Cela représentait des centaines de millions de documents qu’il
leur fallait conserver. C’est pour cette raison que le cabinet a acquis en 1881 l’hôtel de Marsilly, rue du Cherche-Midi (Paris), qui est toujours le siège de la société. Ces données ont un intérêt économique majeur mais aussi historique puisque les archives de la ville de Paris, qui étaient conservées à la fois à l’hôtel de ville et au palais de justice, ont brûlé à une journée d’intervalle lors de l’incendie de la Commune en 1871. Depuis, toutes nos données ont été microfilmées dans les années 1960, puis numérisées. Une infime partie a été mise en ligne par le site Filae. Le reste constitue notre trésor.
www.andriveau.fr