L’histoire est parfois cruelle. Quelques jours avant la disparition de Valéry Giscard d’Estaing, paraissait son dernier ouvrage, un roman au titre songeur et à la couverture presque provocante, avec ce bel éléphant africain. On l’aura compris, ce roman n’a presque rien de politique, mais bien davantage de cynégétique, où l’ancien président de la République a visiblement mis du sien, beaucoup. Il nous entraîne dans l’histoire d’un ancien président du Sénat (qui ressemble à s’y méprendre à René Monory, qui fut son ministre de l’Économie) qui quitte tout, dans la plus grande discrétion, pour s’installer, retiré du monde, en République Centrafricaine. Et c’est là où la fiction rejoint le réel. Car personne n’ignore la passion qu’avait Valéry Giscard d’Estaing pour la chasse et l’Afrique, trop forte, lui reprocheront d’ailleurs ses dé-tracteurs. De ce continent, il avait percé bien des secrets, que cela soit au Mozambique, en Tanzanie ou en Centrafrique, et, comme beaucoup, il en était revenu envoûté… Son personnage central n’y échappe pas non plus, comme il n’échappe pas à la chasse, surtout à celle de l’éléphant à une époque où cet animal sorti du fond des âges n’avait pas été décimé par le grand braconnage, financé par les Chinois. Il y rencontre un guide du nom de Marc Anthouard, qui ressemble furieusement à un certain Marc Péchenard, industriel sarthois spécialisé dans l’équarrissage disparu en 2008, passionné de chasse aux grands animaux, notamment l’éléphant. Il avait d’ailleurs une concession de 700  000 hectares en Centra-frique, sur laquelle il tira et fit tirer des animaux exceptionnels, et dont Valéry Giscard d’Estaing était un habitué des lieux. En effet, au fur et à mesure des pages, le lecteur saisit que l’esprit du président est toujours là-bas, et que sa prodigieuse mémoire n’a rien oublié. L’Afrique est un continent dont on ne sort pas indemne. Loin du bruit du monde en est un signe de plus…

XO Éditions, 210 pages, 17,90 €.