Je défendrai la chasse de toute mon âme, du moment qu'en son cœur demeurera son essence : traquer un animal sauvage dans son milieu naturel, et ouvert. Enfermer les animaux dans des enclos à des fins d'abattage ne rentre pas dans cette catégorie. Et quand il m'arrive d'exprimer cette opinion (comme je le fis récemment), je me vois assailli d'objections de la part de certains de mes camarades de combat. L'union sacrée m'est envoyée au visage. Parfois même, on me donne des ordres de grandeur ou des notions de propriété privée.
Pour moi, qu'importe ! Il ne s'agit pas de condamner une pratique bêtement sur le principe qu'elle ne me convient pas. Il s'agit de définir les choses.
Oui, je mange de la viande issue de l'élevage. Elle n'est pas pour autant venaison. L'argument qui m'est le plus souvent objecté, c'est celui de la vindicte animaliste, qui souhaite interdire tout ce qui peut l'être. Abandonner la chasse en enclos serait lui faire une concession qui ne saurait calmer ses ardeurs. Voici ma réponse : je n'ai pas à me positionner par rapport à leurs outrances. Je ne vais pas défendre une pratique sous prétexte qu'elle est dans leur collimateur. Et je ne les ai pas attendus pour me forger cette opinion qu'on pourrait qualifier d'impopulaire (d'ailleurs, l'est-elle ?). Sur ce principe, il faudrait tout défendre ! Tout accepter, afin de ne former qu'une masse d'opposition compacte !
Eh bien, non. L'amour que je porte à la chasse me commande de la défendre de tout mon cœur. Contre ceux qui ne la comprennent pas et qui voudraient la réduire à sa caricature, mais aussi contre ceux qui, de l'intérieur, la spolient de sa nature même.
La chasse est la rencontre entre un prédateur et sa proie. Le chasseur doit apprendre à déjouer les ruses que des millions d'années d'évolution ont offert à l'objet de sa quête.
La mort de l'animal chassé doit être le résultat de la connaissance, et non d'un chèque de 2000€ posé sur le comptoir d'une entreprise.
Mais comprenez-moi bien : je ne suis pas intrinsèquement opposé aux enclos de chasse, tant la vie et la mort de l'animal qui s'y trouve me semblent plus enviables que celles d'un poulet de batterie. Je suis opposé à ce qu'on lui donne les atours de la chasse. Qu'on travestisse un art pour lui enlever son essence. Qu'on se batte à coups de chiffres et de notions de droit pour défendre une pratique qui ne la concerne simplement pas.
Il faut définir les choses : tirer sur un faisan à peine sorti de la boîte, est-ce chasser ? Tirer sur un dix-huit cors enfermé entre quatre murs, est-ce chasser ? Si l'on veut attirer les jeunes générations à la chasse, il faut leur redonner du sens. Le sens de la quête, de l'apprentissage, de l'échec, de la transmission et de l'effort. Dans cette société du ‘‘tout de suite’’, on en oublie que porter ces valeurs est un acte de résistance. La chasse est un bastion que nous devrons encore défendre. De toutes nos forces. Mais si l'on n'y prend pas garde, il se peut qu'un jour nous la regardions sans la reconnaître. Et là, quand elle sera devenue la caricature que veut en faire ce monde, elle disparaîtra. Vidée de tout ce qui fait sa beauté, sans défense, le cœur offert au poignard ennemi.