C’est un paramètre fondamental : celui qui a la maîtrise du foncier peut agir sur la taille du parcellaire, le type d’assolement, l’emploi raisonné de produits phytosanitaires… donc agir directement sur la richesse de la biodiversité, à commencer par la petite faune, et pas seulement les espèces gibiers. Aussi, on ne peut que rappeler toutes les initiatives en ce sens depuis plus de deux décennies du Dr Gérard Pasquet, de Jacques Hicter ou encore de Paul Mougenot… C’est également le cas du label européen Territoires de Faune Sauvage : créé en 2005 par European Landowner’s (ELO), porté en France par la fondation François Sommer, par l’ONCFS (l’ancêtre de l’OFB) et la FNC, il récompense des propriétaires fonciers qui veulent conjuguer leurs activités économiques avec la préservation de la biodiversité. Le territoire peut être labellisé à la condition qu’il réponde en premier lieu à 20 critères, représentant 300 points (comme la structure du territoire – présence de haies, taille du parcellaire, pratiques agricoles…). Et il faut obtenir 70 % de ces 300 points pour que le dossier soit présenté en comité de sélection. Précisons que ledit dossier contient une note de gestion dans laquelle le propriétaire explique sa vision du territoire dans cinq ans. C’est la durée du label, qui peut être renouvelé après réévaluation.
Qu’apporte, justement, ce label ? À l’heure où une certification est nécessaire pour un oui ou un non, les propriétaires peuvent se prévaloir de ce ‘‘tampon officiel’’ auprès des services déconcentrés de l’État. Cette labellisation facilite les demandes de subvention, comme celle destinée, par exemple, à restaurer une zone humide.
Aujourd’hui, à l’échelle européenne, 2 millions d’hectares, soit 520 territoires, sont labellisés. En France, on en dénombre 45 (dont 20 agricoles), représentant 15 000 hectares. Parmi ces 45 territoires, 22 ont été labellisés au cours des 18 derniers mois. L’objectif ? Une centaine d’ici 2025. Si l’on ne peut qu’encourager ces initiatives, on peut regretter que l’État français n’aide pas davantage ce type de démarches, que cela soit de manière directe ou indirecte (par la fiscalité). D’ailleurs, à la différence de la France, le label donne un accès facilité à des financements publics au Portugal, par exemple. Dans certaines régions espagnoles, des exonérations fiscales sont possibles. Plus encore, aux Pays-Bas par exemple, dans les zones sensibles, les aides publiques permettent aux agriculteurs de percevoir une indemnité compensatoire pour la perte de valeur agricole d’un terrain qui devient à destination naturelle.
Bref, il faut aller plus loin. En effet, si l’on veut agir durablement en faveur de la biodiversité, il faut davantage aider cette ‘‘labellisation’’. Au vrai, que veulent les agriculteurs ? Les encourager à pratiquer une agriculture plus vertueuse ne peut passer que par des incitations financières plus avantageuses que celles octroyées jusque-là. Ce serait le rôle de la PAC. Nous en sommes encore très loin.