Dans leur jolie collection ‘‘Vénerie d’autrefois’’, les éditions Montbel éditent un douzième volume, La Chasse du lièvre à courre et à tir, agréablement illustré de dessins de Thierry d’Erceville. Commençons par exprimer un regret : à défaut d’une préface, on aimerait au moins une courte présentation de l’auteur et du livre. Qui était donc M. de Guillebert des Essarts ? À quelle époque a-t-il vécu et chassé ? De quel équipage était-il le maître ? Quand son livre a-t-il paru pour la première fois ? Autant de détails utiles qu’un lecteur, et, plus encore, un bibliophile, puisque cette collection s’adresse au premier chef à cette catégorie d’amateurs de livres, souhaiterait connaître. Il faut aller sur le site pour apprendre que l’auteur était maître d’équipage de la Société de la Ramée, qui découpla de 1865 à 1875 en Haute-Garonne et dans le Tarn, et que son ouvrage fut publié au début des années 1900. Ces regrets exprimés, remettons-nous sur la voie. La majeure partie du livre est consacrée au courre du lièvre, la chasse à tir n’étant abordée que de façon très cursive. S’il offre selon l’auteur « un joli coup de fusil au chasseur au chien d’arrêt », il offre au veneur « la chasse la plus difficile, la plus intéressante et la plus agréable ». À rebours de l’opinion commune, l’auteur dénie au lièvre la réputation d’être le plus fin et le plus rusé des petits gibiers ; il est, à cet égard, inférieur au lapin, et ce qu’on appelle ruses de sa part ne serait que de la routine, de l’instinct, de l’embarras, et non de la finesse. Pourquoi, dès lors, sa chasse est-elle la plus difficile et la plus savante ? Par le seul fait qu’il laisse très peu de sentiment sur la voie, et que ce sentiment, comme chez le chevreuil, s’amenuise au fur et à mesure qu’il se fatigue, à l’inverse des autres animaux de vénerie. Autre observation intéressante : à l’époque où chassait Guillebert des Essarts, le lièvre, à l’en croire, était un gibier rare, mais l’auteur n’en explique pas les raisons. Sur la composition de la meute (curieusement, il n’est pas précisé à quelles races de chiens va sa prédilection) et le laisser-courre, le livre abonde en commentaires techniques qui ne diffèrent pas sensiblement des avis et recommandations de Verrier de la Conterie et d’Élie de Vezins. Le charme de la lecture tient à la verve naturelle de l’auteur, aux anecdotes, aux récits de chasse qui émaillent son texte, et aux bons mots qu’il sème de-ci de-là. Apparemment, l’homme était aussi bon vivant que savant veneur…
Montbel, 141 pages, 35 €.