Il y eut Robin des bois ; il y a aujourd’hui Hugo des forêts, Hugo des océans, Hugo des glaciers, Hugo des montagnes, etc., etc. Qu’on se le dise : Hugo est indigné. Et quand Hugo n’est pas content, il le fait savoir, et sort les armes. Car c’est en « combattant » que se présente l’auteur du Journal de guerre écologique, qui s’est donné pour mission de dénoncer partout l’influence désastreuse des activités humaines sur l’environnement. Ainsi relate-t-il, dans cet ouvrage, le déroulement d’une dizaine de reportages qu’il a effectués « sur le front », tantôt en Indonésie ou en Afrique, qui font figure de poubelles pour les pays riches, tantôt dans le Grand Nord, où l’augmentation des températures a des conséquences dramatiques, tantôt aux îles Féroé, où l’on massacre les dauphins globicéphales par tradition et par amour du sang, tantôt en Australie, où l’exploitation intensive du charbon tue la Grande Barrière de corail, dans le Jura, où d’aucuns sauvent les lynx quand de méchants « chasseurs » les assassinent, en mer de Cortès (Mexique), enfin, où les courageux activistes de Sea Shepherd tentent de protéger, de la convoitise de certains pêcheurs mafieux, des espèces marines menacées… En somme, cet ouvrage est un fourre-tout, catastrophiste à l’envi, destiné à faire avaler au lecteur la nécessité de « mesures radicales » à prendre de toute urgence ; un ouvrage qui relève plus du militantisme que du journalisme, qui n’offre toujours qu’un seul point de vue sur les réalités décrites, qui conspue sans distinction et sans nuance l’industriel et le politique, qui mise sur une espèce de ‘‘zadisme’’ passablement naïf, qui présente la chasse – et non le braconnage ! – comme l’une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale, et qui, bizarrement, n’évoque jamais directement le phénomène de la surpopulation humaine, pourtant au cœur de nombreux enjeux environnementaux. Il est vrai qu’Hugo-le-végétarien-et-fier-de-l’être, Hugo l’initiateur (parmi d’autres) du RIP, Hugo qui a soutenu l’achat par l’Aspas de 490 hectares devenus ‘‘Réserve de vie sauvage’’ dans le Vercors, Hugo Clément, donc, est désormais l’heureux papa d’une petite fille, née le 3 janvier dernier. À peu de choses près, telle est l’information la plus convenablement traitée du livre.
Fayard, 216 pages, 18 €.