Situé entre Metz et Luxembourg-Ville, classé aux monuments historiques, le château de La Grange est ouvert à la visite durant certaines périodes de l’année. Mais, aujourd’hui, c’est Pierre-Antoine de Sélancy, son propriétaire, qui nous reçoit pour une chasse très privée, et qui prend le temps de raconter l’histoire de ces murs qui ont abrité son enfance.

Totalement ruiné pendant la guerre de Trente ans (1618-1648), le château a été reconstruit au XVIIIe siècle sur les plans de Robert de Cotte (architecte qui fut élève de Jules Hardouin-Mansart) par Christophe Gomé des Hazards, et racheté, en 1750, par le marquis de Fouquet, petit-fils du surintendant des Finances de Louis XIV. Depuis, le château n’a pas quitté la famille. Pierre-Antoine de Sélancy vient de lui redonner une allure intérieure plus contemporaine, qui se marie à merveille avec les objets d’art et portraits d’ancêtres. La maison recèle des trésors, des meubles d’origine aux tapisseries classées, en passant par les tableaux de maîtres exposés dans un dédale de petits et grands salons d’exception. Ici, passé et modernité sont conjugués avec beaucoup de justesse, de façon à conférer au lieu une vraie singularité.

Le salon bleu est flanqué d’une escouade de kakatoès perchés sur des branchages rose vif (vestige d’une fête), un clin d’œil humoristique du propriétaire, ravi d’égayer ainsi ce château historique. La salle à manger, qui regorge de tableaux représentant les ancêtres, est aussi dotée d’un superbe poêle provenant de la fabrique de faïence du château, aux armes de France. Un escalier monumental aux marches de pierre usées dessert les étages et ses 19 chambres. Aujourd’hui, Pierre-Antoine continue à faire vivre les lieux en rénovant ceux-ci petit à petit, chambre après chambre, et en leur donnant un cachet tout à son image. Les encadrements des fenêtres sont taillés dans de la pierre de Jaumont, pierre de calcaire oolithique du Bajocien et extraite en Moselle, donc typique de la région, comme celle de la cathédrale de Metz. Aux murs sont de nombreux massacres, animaux tous tirés par Pierre-Antoine, chasseur passionné : une demi-douzaine de bois provient d’ailleurs d’une chasse très prisée – celle de Balmoral, en Écosse. Passé le pont-levis qui surplombe les douves, le jardin des Prairiales et sa collection de buis débouchent sur le domaine de 600 hectares, dont 400 de forêt, qui entoure le château.

Pas moins de sept étangs attirent cervidés et sangliers qui viennent y boire. Philippe, le garde-chasse, sait exactement où trouver ceux-ci, et il n’est pas rare de voir s’approcher du château à la tombée de la nuit des chevreuils en confiance, une image qui séduit.