Certains appellent cela du ‘‘franc-parler’’ ; nous nous félicitons, quant à nous, que celui-ci ne soit pas (encore) du goût de tout le monde, et, en particulier, de la justice. En 2019, en effet, l’inénarrable Brigitte Bardot – 87 ans en septembre, mois de l’ouverture générale ! – avait notamment écrit, dans un éditorial intitulé ‘‘À feu et à sang !’’, et publié dans L’Info-journal – mais aussi sur le site – de sa fondation : « Je hais et méprise les chasseurs, ces sous-hommes d’une abjecte lâcheté aux trognes d’ivrognes qui, déguisés en treillis militaires, armés d’armes de guerre sophistiquées, s’en vont donner l’assaut aux humbles et innocents animaux de nos forêts qui n’ont comme seul délit que d’être vivants et de servir de cibles. Les chasseurs sont les terroristes du monde animal », ajoutant cette apostrophe tout en finesse destinée à Willy Schraen : « L’exemple flagrant de cette honteuse perversité est le président de la Fédération de la chasse, ce prédateur au gros visage plein de suffisance […] qui a osé dire lors d’une interview : ‘‘J’aime la chasse, parce que j’aime tuer’’. C’est pas beau, ça ??? »
Coutumière du fait (rappelons qu’elle a été condamnée cinq fois pour propos diffamatoires et discriminatoires), celle que beaucoup considérèrent jadis – et fort curieusement ! – comme une véritable actrice a, peut-être, dans cet édito, fait montre d’un léger manque de retenue (elle a d’ailleurs entre temps récidivé puisque, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron en date du 7 juin 2020, elle évoquait « ce gros salopard de Willy Schraen »). C’est donc à très juste raison que l’affaire a été portée devant la justice. Verdict : le tribunal judiciaire d'Arras a, le 29 juin, condamné madame Bardot à une amende de 5000 euros pour injure à l’endroit de Willy Schraen ; en outre, elle a l’obligation de verser 1000 euros de dommages et intérêts à celui-ci, ainsi que 1000 euros équivalant aux frais de justice. Précision importante : le tribunal a exigé que soient supprimés tous les propos injurieux de l’édito en question publiés sur le site de la Fondation Brigitte Bardot, sous deux semaines, avec mention du jugement. A défaut, 100 euros de pénalités par jour de retard devront être payés. « C’est une décision exemplaire qui était attendue avec beaucoup d’espoir, car il n’est plus possible de laisser les chasseurs se faire insulter aussi violemment sans réagir, a déclaré Willy Schraen. Brigitte Bardot n’en est pas à son coup d’essai, et nous la poursuivons aussi pour d’autres dérapages commis en mai 2020. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à être visée par des plaintes de la FNC, car il n’est plus question de laisser perdurer ces pratiques qui consistent, sous couvert de liberté d’expression, à injurier ou menacer les chasseurs. »
Que l’on soit aujourd’hui obligé d’en appeler aux tribunaux pour ‘‘régler’’ ce type d’affaire est proprement affligeant. L’espace public serait-il devenu une espèce de cour d’école où l’on peut à loisir s’injurier jusqu’à ce que l’instituteur, sonnant la fin de la récré, en vienne à tirer les oreilles de quelques garnements sans éducation ? Les chasseurs, c’est un fait, n’ont pas à supporter en silence d’être traités de la sorte, fût-ce par une ancienne, très ancienne gloire du cinéma reconvertie en misanthrope – pardon : en défenseur des animaux. Mais peut-être la leçon de ce verdict est-elle aussi ailleurs : nous, cynégètes, devons prendre garde de ne pas imiter l’attitude de cette femme indigne de sa notoriété, comme on le voit trop souvent, et singulièrement sur Internet. Au fond, l’insulte n’est-elle pas à l’argument ce que… la fourrure synthétique est à la fourrure authentique ?