L’arrêté ministériel fixant pour trois ans la liste des Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) est paru, le 4 août, au Journal officiel. Il concerne le groupe 2 des Esod (espèces indigènes, soit : renard, fouine, martre, belette, corneille noir, corbeau freux, pie bavarde, geai des chênes, étourneau sansonnet) et précise, pour chaque département, canton, voire commune, les modalités de destruction. Sans entrer dans les détails, on constate que le putois, hélas, ne fait plus partie de la liste, et que, globalement, depuis plusieurs années, certaines espèces jadis partout piégeables – pie, fouine… – ne le sont plus d’un territoire à l’autre. Il faut dire que la pression des associations anti- piégeage et antichasse s’est accrue : nombre d’entre elles, qui militent pour la disparition de la notion même d’Esod (LPO, One Voice, Aspas, etc.), déposent d’ailleurs actuellement des recours juridiques contre cette « liste de la mort ». Leurs arguments sont toujours les mêmes : il n’y a pas d’animaux nuisibles ; prétendre réguler ceux-ci, c’est bouleverser « l’équilibre des écosystèmes naturels » ; les politiques sont soumis à des lobbies ; et l’on ne dispose pas de données numériques fiables au sujet de la plupart de ces espèces. Or, si les premiers de ces ‘‘arguments’’ sont aisément réfutables, le dernier est plus intéressant. Car sur quoi le législateur se fonde-t-il essentiellement pour reclasser ou déclasser une espèce ? Sur les déclarations de dégâts et sur le nombre d’individus tués (on ne compte pas fouines ou martres comme on compte cerfs ou éléphants !). Conséquences : ces associations n’ont pas à avancer le moindre chiffre, et se contentent de renverser la charge de la preuve ; par ailleurs, selon la ‘‘méthode d’estimation’’ qui fait foi, il faut bien comprendre que plus une espèce est déclassée à l’échelle du pays, moins, en toute logique, nous n’avons de données – facile, donc, de considérer qu’elle est menacée ! CQFD. Un seul exemple : la belette (photo). On la trouve encore sur la « liste de la mort » ; oui, mais… pour un seul département (le Pasde- Calais). Est-ce à dire qu’elle décline ou a disparu ailleurs ? Il y a fort à parier que non. Le danger, c’est que la stratégie du rognement appliqué aux Esod aboutisse aux déclassements du renard, de la fouine, etc. Ce que réclame la LPO pour les mustélidés et corvidés : « Pourquoi ne pas suspendre dès aujourd’hui l’abattage massif de ces espèces afin d’étudier l’impact de l’absence de régulation sur les dégâts constatés ? » Réponse : sans doute parce que cet « impact » s’avérerait catastrophique, non ? Situation ubuesque, et proposition irresponsable.