Benjamin Rophé est le représentant pour la France de la société londonienne Holts Auctioneers, la plus importante maison de ventes aux enchères d’armes de chasse au monde. Il nous livre son parcours et sa vision de la chasse.

Quel a été votre parcours ?

La passion a toujours dicté mes choix de vie personnels et professionnels. Après un double cursus de finance et de marketing dans une école de commerce parisienne, j’ai lancé ma première société de communication Internet, que je dirige depuis plus de 20 ans. Parallèlement, j’ai toujours développé des activités ‘‘passion’’ : commerce international du cigare, agence de voyage de chasse en 2007, armurier depuis 2009… Je me suis vraiment impliqué dans le commerce d’armes de luxe avec Holts Auctioneers, que je représente en France depuis trois ans. La chasse a d’abord été une passion familiale. Petit, mon père m’emmenait chasser le canard et le lapin dans les marais de l’Île de Ré. Par la suite, j’ai partagé ma passion avec mes amis et mes clients. J’essaye de la transmettre à mes enfants.

Quel est l’état du marché des armes d’occasion aujourd’hui ?


D’un côté, certains chasseurs raccrochent le fusil pour des raisons d’âge, de manque de gibier naturel, ou par lassitude des attaques incessantes contre les chasseurs. De l’autre, les nouveaux nemrods n’ont généralement pas la culture, le goût ou les moyens de s’offrir une arme artisanale. Ces deux facteurs conduisent naturellement à un déséquilibre entre le nombre croissant d’armes d’occasion sur le marché et la baisse du nombre d’acheteurs. Même si les prix baissent significativement depuis plusieurs années, il existe encore un marché de niche pour les armes d’exception, notamment en Angleterre… d’où Holts !

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la chasse ?

Avant, le chasseur avait une image positive au-près du grand public : c’était un défenseur de la nature qui appréciait la gastronomie. Dans toutes les familles, il y avait un grand-père, un oncle chasseur qui transmettait sa passion de la nature à ses proches réunis autour d’un civet de lièvre. Même si ces derniers ne pratiquaient pas la chasse, ils la comprenaient, la respectaient.
Aujourd’hui, la chasse est attaquée de toutes parts par des groupuscules ignares, extrémistes, relayés médiatiquement, qui tentent d’imposer à la majorité leur vision sectaire, sous couvert de bien-être animal. Lorsqu’ils parlent de chasse aux faisans par exemple, ils oublient de souligner les efforts considérables des chasseurs en matière de lâchers de repeuplement, leur participation concrète au développement des écosystèmes.
Ils ne parlent pas de pays, comme le Kenya par exemple, qui ont fait le choix de l’interdiction de la chasse… pays dans lesquels les populations d’animaux sauvages ont dramatiquement chuté à la suite de l’arrêt de la chasse, car cela a favorisé la recrudescence du braconnage. Ils ne disent pas que dans les pays européens le nombre de grands animaux sauvages est plus important qu’au XVIIIe siècle. Ils s’attaquent certes aux produits phytosanitaires, mais sans proposer de solutions intelligentes et viables pour le monde agricole. Les adeptes du véganisme oublient que les chasseurs mangent une viande provenant d’un animal qui a vécu toute sa vie dans son milieu naturel, qui a été tiré avec respect, de manière sélective et responsable ; alors que certains végans, je peux en témoigner, portent des chaussures et des ceintures en cuir, issues de l’élevage intensif ! Les chasseurs agissent toute l’année sur le terrain pour la sauvegarde des espèces, le maintien de la biodiversité et des habitats naturels. Le problème majeur est qu’hormis les chasseurs, personne ne s’en rend compte. Que constate-t-on ? Que la communication autour de la chasse est faite par et pour les chasseurs ; en aucun cas pour les non-chasseurs ! Comme nos pères, qui nous ont transmis cet amour viscéral de la nature, des animaux, de la gastronomie, nous devons être fiers de ce que nous sommes ; nous devons partager, expliquer aux non-chasseurs, mais aussi condamner les pratiques inacceptables qui perdurent parfois.
Vous l’avez compris, je défends d’abord ma liberté de pratiquer une chasse authentique, respectueuse du gibier et des milieux naturels. Mais défendre la chasse aujourd’hui, c’est aussi défendre la liber-té de manger de la viande, de cuisiner des produits du terroir, de pratiquer l’activité de son choix sur sa propriété, la liberté de se réunir et de créer du lien social. Défendre la chasse, c’est défendre la liberté.