Plus qu’un hommage, et bien autre chose qu’un traité, ce joli petit livre est une véritable déclaration d’amour à la « saucisse à quatre pattes » que nous connaissons – ou reconnaissons – tous. Germaniste, auteur de romans et d’essais, Lilian Auzas, amoureux transi du teckel depuis l’adolescence, nous rappelle d’abord que ce chien venu de Bavière fut « fabriqué » pour la chasse – en l’occurrence celle du blaireau –, soulignant sa « petite stature », son aspect apparemment ‘‘inoffensif’’, alors qu’en réalité il peut se prévaloir d’« une force de caractère inouïe » et d’un courage à l’avenant, étant à la fois « rigide, voire psychorigide », « placide et surexcité, voire lubrique », « affectueux » mais aussi… « sournois ». Chasseur « redoutable », donc, « loin de l’image du roquet de salon qu’on lui attribue », le teckel serait, à en croire l’auteur, une véritable « énigme » ! Or, c’est bien à explorer cette énigme, à travers les représentations qui en furent données, que nous convie Lilian Auzas, tant par le truchement de l’histoire et des lettres que par celui des arts. S’il fut « réquisitionné par la propagande du Troisième Reich afin de servir la cause raciale » (Auzas pourfend d’ailleurs « le fantasme du bon petit nazi aimant les animaux qui, aujourd’hui encore, est assez vivace dans l’imaginaire collectif »), le sausage-dog anglais eut aussi les faveurs assidues de la couronne britannique, la reine Victoria en ayant possédé « l’un des premiers individus » du royaume, bien avant que la jeune Elizabeth II ne lui préférât le… welsh corgi pembroke. Convoquant à la fête des « belliqueuses saucisses » allemandes – la morphologie du canidé inspirant, évidemment, le sourire – les noms de Picasso, de Nietzsche, de Colette, de Blixen, de Brando, de Nabokov, de Houellebecq mais également d’Edwin Landseer, d’Alfred James Munnings, de Rembrandt Bugatti et de tant d’autres, l’ouvrage – assurément érudit, et cependant porté par une plume à la gaieté immédiatement contagieuse – séduit le familier du teckel, comme celui qui le découvre. Un opus qui a du chien, et qui, soit dit en passant, cohabite au sein de la collection à laquelle il appartient avec un charmant Éloge du lapin, signé Stéphanie Hochet. Mais c’est une autre histoire… 

Payot & Rivages, 160 pages, 16 €.