Le 11 novembre, jour anniversaire  de l’Armistice, l’écrivain Maurice Genevoix est entré au Panthéon, rejoignant les grands hommes auxquels la patrie témoigne sa reconnaissance. Ce faisant, le président Macron entendait rendre hommage à ‘‘Ceux de 14’’, officiers et soldats du front, mais aussi à tous ceux qui, à l’arrière, participèrent à l’effort de guerre. À travers la personne symbolique de Maurice Genevoix, la République saluait l’auteur qui a su évoquer avec le plus de justesse et de force le sacrifice quotidien des poilus dont il a éternisé les visages, les gestes et les voix dans ses livres-témoignages, Sous Verdun, Au Seuil des guitounes, La Boue, Les Éparges, rassemblés plus tard sous le titre Ceux de 14. Sur le jeune normalien fraîchement émoulu de la rue d’Ulm, grièvement blessé aux Éparges et dans la tranchée de Calonne, la guerre devait laisser une trace ineffaçable. Pour avoir trop souvent vu la mort de près, pour avoir subi l’absurdité des combats et souffert de la disparition de tant de ses compagnons d’arme, le rescapé de la tuerie ne regarderait plus le monde comme avant : « Les jeunes hommes de mon âge, écrivait-il, ont été confrontés à une épreuve dont la tension et la durée, outrepassant toute loi naturelle, ont fait une monstruosité. Pas un de ceux qui lui ont survécu dont la vie n’en ait été changée. Je suis l’un d’eux ». Et de préciser : « Vivre lorsqu’on a survécu, c’est constamment survivre, en effet, ne pas seulement cueillir le jour qui passe, mais l’accueillir comme une révélation ». Ainsi s’explique que Maurice Genevoix, fils de la province française, familier depuis l’enfance de la glèbe et des bois, doublé d’un homme de haute culture, s’il fut témoin attentif, voire fervent, de nombre de parties de chasse, n’ait plus jamais utilisé une arme ni supporté de voir souffrir un animal. Pour autant, l’écrivain, chasseur d’instinct, comme le Raboliot qu’il a immortalisé dans le roman qui reçut le prix Goncourt en 1925, ne condamna jamais la fièvre de la chasse, partie prenante de la nature, théâtre d’un drame pérenne, tantôt tragique et brutal, tantôt joyeux ou tendre, où la vie prend naissance de la mort, où tout est métamorphose. Ce dont témoigne toute son œuvre, hymne émerveillé à la splendeur du monde et de la création.