« Ce n’est plus comme avant… » Lequel d'entre nous n'a pas entendu, depuis quelques saisons, cette phrase prononcée par un bécassier ? Ainsi, les bécasses se feraient de plus en plus rares, passeraient de plus en plus tardivement dans des contrées comme, notamment, le Sud-Ouest. À rebours d’autres lieux, comme dans l’Est de la France, les bécasses seraient présentes jusqu’en décembre, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. En cause : le changement climatique. Que faut-il en penser ? Qu’il convient d’être prudent en la matière, car d’autres facteurs peuvent influer sur le com-portement migratoire de l’oiseau, comme la pression de chasse, les coupes forestières conduisant à une modification des biotopes… Il n’en demeure pas moins que, pour des spécialistes de notre migratrice, à commencer par Yves Ferrand, qui fut à l’ONCFS (aujourd’hui l’OFB) un de ses meilleurs connaisseurs, une succession d’hivers doux a indéniablement une influence. En effet, en principe, qui dit douceur, dit humidité. Si notre migratrice peut supporter la neige, en revanche s’il fait trop sec ou trop froid, elle ne peut plus se nourrir. Résultat, il fait moins froid au Nord, donc les bécasses (dont plus des trois quarts viennent de Russie) y séjournent davantage avant de migrer chez nous. Quand elles migrent, elles le font avec retard (quelquefois trois semaines), avec des changements d’aires de répartition (quarts Sud-Ouest et Sud-Est moins fréquentés au profit du quart Nord-Est). D’ailleurs, en Grèce, selon des comptages effectués sur des territoires avec des chiens d’arrêt, les oiseaux hivernants sont 5 à 6 fois moindres qu’il y a quelques années.