Céline Gauthier-Maxence conçoit et fabrique des chapeaux pour femmes – métier devenu très rare. La nature et la chasse y ont une place de choix. Portrait.

Rencontrer Céline Gauthier- Maxence dégage quelque chose d’un autre siècle. Dans son appartement du XVIIe arrondissement de Paris, l’on est plongé, en quelques instants, presque malgré soi, dans une atmosphère à la Flaubert ou à la Balzac. En l’espèce, ce qui attire notre regard, ce sont ces quelques chapeaux disposés sur une table, comme immortalisés dans ce XIXe siècle de la grande époque de la chapellerie, où les créateurs présentaient leurs modèles en passant par le grand escalier et non par celui des fournisseurs. Rien ne prédestinait Céline Gauthier-Maxence, juriste de formation, à devenir modiste, c’est-à-dire créatrice de chapeaux pour femmes (c’est un chapelier pour les hommes), sauf le Covid – qui lui a laissé « du temps et de la réflexion » – et des origines familiales lyonnaises, dans la soierie. « Les belles matières, les chapeaux… J’ai toujours aimé cet univers-là. » Rappelons-nous aussi que Chazelles- sur-Lyon fut le principal lieu de production de chapeaux de feutre de luxe en France, qui connaîtra son apogée au début du XXe siècle, avant de subir d’irrémédiables changements de mode (la dernière unité de production fermera en 1997).

Versatilité des temps ne signifie aucunement que les modistes appartiennent à un passé révolu, rangés pour toujours dans des albums de photos sépia. Depuis plus d’un an, Céline Gauthier-Maxence a une cinquantaine de modèles à son catalogue. Concrètement, notre modiste propose soit des chapeaux en stock, soit du sur-mesure – c’est elle-même qui en fait les dessins –, avec des délais allant d’une quinzaine de jours pour les premiers à un mois pour les seconds (elle travaille avec deux ateliers parisiens). Tout est imaginable pour tous les genres et pour tous les horizons, car « j’aime le travail de la matière, et les accords avec le cuir, la feutrine… » Les prix ? De 150 euros en moyenne pour un modèle classique, à un peu plus de 300 euros pour du sur-mesure (modèles d’hiver en feutrine). Pour les modèles de cérémonie, cela peut aller jusqu’à 500 euros.

Sur la table, on remarque de prime abord les chapeaux ‘‘classiques’’ de réception, pour sortir, de chasse (rehaussés de plumes de coqs, de faisans, de bécasses, d’oies…), avec de la passementerie (elle travaille avec les Marocains), des tartans qui rappellent ceux des clans écossais à carreaux (il en existe trois modèles différents)… « La chasse et la nature représentent aujourd’hui plus de la moitié de mon chiffre d’affaires », explique notre créatrice. À côté, elle propose des créations beaucoup plus surprenantes, plus originales, avec du python ou des… papillons véritables, qui connaissent plus qu’un succès d’estime. Ces dernières – toutes plus colorées les unes que les autres – sont de vraies prouesses techniques. Afin de ne pas les abîmer, les papillons – qui passent de vie à trépas de mort naturelle chez des éleveurs, leur existence ne dépassant pas quelques jours voire quelques heures – sont enduits de laque, comme pour la restauration d’un tableau…

Un succès qui l’a conduite à regarder vers l’étranger, au Royaume-Uni et aux États-Unis, où l’on reste friand de beaux chapeaux. D’ailleurs, elle sera présente à la Fashion Week de New York, en septembre prochain. En parallèle, Céline Gauthier-Maxence étudie une diversification dans les chaussures, qui seront, elles, fabriquées entre le Portugal et la France (« parce qu’il est impossible de tout faire depuis la France »), avec des modèles d’escarpins et de sneakers (« car les gens cherchent aujourd’hui des chaussures confortables et acceptent de moins en moins de les faire »), mais, également, une diversification dans le vêtement féminin (huit robes haute couture seront présentées à la Fashion Week).

Renseignements : SAS Caelina Maximus ;
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