L’idée était dans l’air depuis des années. Le 10 janvier, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi interdisant pour les chiens l’usage du collier « à décharge électrique, étrangleur sans boucle d’arrêt ou dont les pointes sont tournées vers le corps de l’animal ». Précisons que cette proposition a reçu l’approbation de tous les groupes politiques en commission des affaires économiques. À l’origine de ce texte : Corinne Vignon, députée Renaissance, soutenue par plusieurs associations de protection animale, dont la Fondation Brigitte Bardot. L'élue de Haute-Garonne a dénoncé à la tribune les « lésions physiques et psychiques » que causent selon elle aux animaux ces « colliers de dressage » coercitifs, « pas efficaces et contre-productifs »… Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a salué « une avancée en faveur de la lutte contre la maltraitance animale », au moment où les « attentes sociétales sont de plus en plus fortes » en la matière. Bref, à les entendre, les utilisateurs de ces colliers ne seraient que d’effroyables tortionnaires.

Ces jugements et déclarations lapidaires, dans l’air du temps, méritent quelques éclaircissements. Ou quand l’émotion et le militantisme prennent le pas sur la réalité. Apparu voilà près de quarante ans, utilisé par nombre de chasseurs, le collier électrique est là non pour dresser un chien, mais pour peaufiner son dressage (ce qui n’est pas du tout la même chose) et « lui permettre de comprendre que son propre intérêt réside dans le respect des ordres qui lui ont été enseignés », écrit Jean-Paul Koumchasky dans son ouvrage sur le sujet (éditions du Gerfaut). C’est aussi un moyen de sécurité, pour éviter que le chien ne finisse écrasé par une voiture. Rappelons que ce collier dispose de plusieurs intensités et d’un vibreur. Cela dit, l’utiliser suppose plusieurs choses : une bonne connaissance de la psychologie canine (c’est-à-dire savoir se mettre à la place du chien), une excellente connaissance de son chien (est-il ‘‘sensible’’ ou non ?), et se dire que ce n’est pas un outil miraculeux (là, en effet, sur un chien non dressé et sensible, il peut être dévastateur). Bien employé, le chien n’en garde aucune rancune. Encore est-il nécessaire que le propriétaire du chien sache ce qu’il a entre les mains, car il faut le reconnaître, ce n’est pas toujours le cas. Au vrai, employé à bon escient, le chien l’associera à la sortie, à la chasse, et, en aucun cas, à un instrument de torture. Bref, c’est une proposition de loi qui n’a guère de sens, car c’est encore une fois le bien-être animal mal compris. Ce premier vote n’est qu’une étape, puisqu’il va être débattu au Sénat. S’il était banni, la France rejoindrait le Pays de Galles, l’Écosse, l’Australie, la Slovénie, la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne. Il aurait sans doute été plus judicieux de s’intéresser d’un peu plus près à ceux qui achètent des chiens que l’on peut considérer à risques (berger malinois, amstaff, dogue argentin…) et de leur imposer une formation obligatoire…