S’agissant de la ‘‘gestion’’ des espèces invasives, les autorités australiennes ne font décidément pas dans la dentelle ! Il y a quelques années, on s’en souvient, décision avait été prise de répandre dans certaines rivières du pays le virus de l’herpès afin de lutter contre la prolifération exponentielle de la carpe, poisson importé d’Europe au XIXe siècle et devenu cause de la disparition d’espèces animales et végétales indigènes. De même, à plusieurs reprises depuis les années 1980, y a-t-on eu recours à des campagnes d’abattage – parfois par hélicoptère – à l’encontre des brumbies, chevaux issus des premières vagues de colonisation et qui, devenus sauvages, menacent eux aussi l’écosystème local. Mais un autre animal est également visé : le chat. En 2017, déjà, l’Australie avait fait part de son intention d’éliminer deux millions de chats d’ici à 2020 ; aujourd’hui, ce chiffre est revu à la hausse : six millions, à l’échelle de tout le territoire. Lui aussi d’abord importé puis devenu en masse purement sauvage, notre félin super prédateur est, on le sait, une catastrophe pour la petite faune : chaque jour, des millions de mammifères, d’oiseaux et autres reptiles succombent sous ses griffes… Lorsqu’on songe qu’en théorie un couple de chats peut, en l’espace de cinq ans, être à l’origine de plus de 15 000 descendants, il y a en effet de quoi s’inquiéter ! Or, afin de faire face à ce réel fléau écologique – qui n’affecte pas seulement cette région du monde, d’ailleurs… –, l’Australie s’est récemment dotée de robots destinés à tuer les quadrupèdes par empoisonnement. Le principe ? Il s’agit d’une boîte fonctionnant à l’énergie solaire qui, grâce à l’intelligence artificielle et à des capteurs, est capable d’identifier l’animal à supprimer ; des leurres sonores sont émis, lesquels attirent celui-ci à une distance suffisamment proche pour que le robot puisse projeter une dose de gel contenant du poison sur sa cible. Le chat ainsi touché mourra par ingestion dudit gel en procédant à sa ‘‘toilette’’. Naturellement, de nombreuses associations animalistes s’élèvent contre ces décisions et cette méthode, souhaitant que des options non létales – comme la stérilisation – soient privilégiées. Problème : quels coûts cela induirait-il, et pour quelle efficacité ? Il y a là une véritable urgence. Quand un certain pragmatisme décomplexé se heurte à un idéalisme inconséquent…