Ce sont deux drames épouvantables qui sont intervenus à quelques jours d’intervalle. Le 28 octobre, un homme, âgé de 29 ans, a été grièvement blessé au thorax par un tir venant d’une battue aux sangliers, alors qu’il se promenait avec sa mère à proximité du cimetière à Vallières-sur-Fier, dans le département de la Savoie. Quelques jours plus tard, cette fois en Bretagne, alors qu’il circulait en voiture sur la RN157 reliant Nantes à Rennes, un homme de 67 ans originaire du Maine-et-Loire a été mortellement touché par un tir de carabine. Un chasseur âgé de 69 ans, soupçonné d’être à l’origine du tir, a été mis en examen. Une enquête pour blessures involontaires a été ouverte, précise le parquet. Selon Ouest-France, l'enquête des gendarmes s'oriente vers l'hypothèse d'une battue aux sangliers menée dans la zone. C’est sans surprise que ces drames ont déclenché un véritable tollé médiatique. Ainsi Yannick Jadot, candidat d’EELV à l’élection présidentielle, a fustigé la chasse d’un ton martial, le sentiment d’insécurité qu’elle engendrerait, la peur qu’au-raient tous les promeneurs de France et de Navarre… Et de proposer l’interdiction de chasser week-ends, jours fériés et vacances scolaires, car « la nature appartient à tout le monde… Je veux que les familles et le maximum de personnes puissent en profiter ». De son côté, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a confirmé que le week-end sans chasse était une idée « sur laquelle on doit avoir un débat ». Rappelons-nous que Dominique Voynet, qui occupait son poste sous le gouvernement de Lionel Jospin, avait obtenu le mercredi sans chasse…

Yannick Jadot évoque avec force les accidents, mais sans aller au fond des choses. Une n’est pas discutable : sous réserve des conclusions définitives de la gendarmerie, ces accidents sont inexcusables. Certes, d’une manière générale, les accidents mortels sont en forte diminution depuis 20 ans, passant de 39 victimes en 1999-2000 à 7 lors de la dernière saison. Une tendance à mettre au compte d’une meilleure formation des directeurs de battue, des chefs de ligne, pour répéter sans relâche et faire respecter les consignes de sécurité…

Comme pour les chauffards sur la route, pas question pour autant de s’en satisfaire. Les deux derniers drames en apportent – hélas – la preuve, les causes ne changent pas d’une saison à l’autre : il s’agit simplement d’imprudences caractérisées qui interviennent lors d’une battue de grands animaux, de sangliers généralement, où l’on tire à balle. À chaque fois, des consignes de sécurité n’ont pas été respectées, comme celle de l’angle de tir des 30°, du tir fichant, de l’identification… Si elles avaient été respectées, les accidents auraient pu être évités. Il n’y a donc pas de fatalité, n’en déplaise à Yannick Jadot. Il n’en demeure pas moins qu’il faut aller plus loin en matière de formation. Un pas supplémentaire a été franchi avec l’obligation pour les chasseurs de suivre une formation tous les dix ans. Mais le monde de la chasse doit sans doute aller plus loin, en imposant une formation spécifique pour les détenteurs d’armes rayées…

Émotion encore quand Yannick Jadot affirme que la nature appartient à tout le monde. Il sait parfaitement que plaines, bois et forêts appartiennent soit à des personnes privées (dans l’immense majorité), soit à la puissance publique. Plus encore, lorsqu’il veut interdire la chasse le week-end, la sécurité est un prétexte pour interdire de fait la chasse (car l’écrasante majorité des chasseurs pratique ces jours-là), et de fait encore, rompre la transmission d’une passion…