Nous l’avons souvent souligné : le chasseur est, lui aussi, une authentique cible de la constellation woke. À ceux qui en douteraient, une récente séquence radiophonique vient apporter un fameux éclairage. Nous sommes le 11 août, sur RMC, lors d’un débat auquel participe le président de la FNC, Willy Schraen. Le sujet ? L’interdiction, par la mairie de Paris, des balades à poneys dans sept parcs emblématiques de la capitale à compter de 2025 – une décision prise à la suite d’une demande déposée par quelques associations de ‘‘défense des animaux’’, mais une décision à l’application encore trop lointaine selon Amandine Sanvisens, cofondatrice de Paris Animaux Zoopolis (PAZ), laquelle estime nécessaire de changer radicalement notre « rapport avec les animaux » et d’en finir avec le principe « de possession et de soumission » qui le régit. L’air est connu… Or, au cours de la discussion, et tandis que Willy Schraen souligne à juste titre les intentions profondes et les conséquences sur le long terme de ce type de discours, voici que le ton monte avec une auditrice favorable à l’interdiction, et qui, pourtant, élève elle-même quelques équidés. Soudain, celle-ci lui lance : « De toute façon, vous êtes chasseur, donc vous ne pouvez pas comprendre la souffrance animale ! »

Sentence capitale, tout sauf anodine, car elle illustre précisément l’une des caractéristiques de la logique woke : l’essentialisation de l’interlocuteur et la négation arbitraire de son droit à la parole. Réduit a priori à la figure de tueur, le chasseur perd automatiquement toute légitimité à se prononcer sur les animaux. Sans en avoir conscience – ce qui est d’autant plus inquiétant –, cette auditrice a intégré la méthode d’exclusion qui prévaut aujourd’hui dans les sphères extrêmement militantes du wokisme, singulièrement en Amérique du Nord : la présumée pureté ou qualité morale est une condition sine qua non de la légitimité du discours. Autrement dit, avant que de parler, ce que nous sommes nous discrédite ou nous autorise. De même qu’un homme blanc ne peut pas entendre les souffrances d’un homme noir ; de même qu’un hétérosexuel ne peut pas éprouver d’empathie réelle envers une personne transgenre ; de même que le masculin est, par essence, incapable de sentir vraiment le désarroi ou le désespoir d’une femme victime de violences, etc. – de même le chasseur ne peut-il, par le simple fait de l’être, « comprendre la souffrance animale ». Exagérations dictées par l’inquiétude, penseront certains. Peut-être. Et cependant…