C'est en Espagne, dans la Mancha, que nous avons été reçus par la famille Torrico Pena, pour une somptueuse battue de perdrix rouges, pratique cynégétique qui demeure un spectacle unique au monde.
Situé au cœur de la Mancha, à deux heures et quart de Madrid, aux pieds des collines de la Sierra Morena, ce domaine privé unique est tout proche du discret bourg d'El Viso del Marqués. Un village qui sert d'écrin à un fastueux palais, construit en 1564. De style génois, il fut conçu par l'Italien Battista Castelló, dit ‘‘el Bergamasco’’, et est une destination touristique privilégiée. C’est tout proche de ce lieu historique que se trouve le domaine de San Bruno, propriété de la famille Torrico Pena depuis des décennies, baptisée du nom de ce saint par le grand-père. San Bruno est reconnu comme l’un des plus beaux territoires de chasse à la perdrix rouge de toute l’Espagne. Fort de plus d’un siècle d'expérience cynégétique familiale sur ce territoire, c’est, aujourd’hui, Javier qui dirige de main de maître le domaine. Les premières battues de perdrix rouges y ont été effectuées en 1928, époque au cours de laquelle la famille royale d’Espagne, ainsi que de grands chasseurs connus et reconnus, ont commencé à venir fréquemment chasser dans la région. Un livre répertoriant les chasses anciennes, dans la bibliothèque du grand salon, relate les visites des personnalités qui faisaient alors partie des habitués. On vit souvent le torero Luis Miguel Dominguin dans les années 1950, l’homme qui chassait avec Franco, et qui était aussi l’ami de Visconti. Tous ont laissé, ici, des souvenirs mémorables.
Le domaine de 7 500 hectares est très vallonné, ce qui permet le tir d’oiseaux de haut vol. Le territoire entoure une finca construite en 1926 par les aïeux de Javier, du côté maternel. Ce qui était une grande chasse entre amis du temps du grand-père est devenu, depuis Javier, une chasse où l’on peut louer certaines journées qu’il organise. Une cinquantaine par an, pour une dizaine de fusils, où chaque chasseur a la possibilité de tirer plusieurs dizaines d'oiseaux.
Accompagné par son frère Andrès Torrico Pena, et du frère de sa femme Carla, Antonio Torrico Herrero, Javier gère sa belle entreprise avec le souci du détail : les hommes à la chasse, quelque 80 personnes, sans oublier les chiens ; Carla à l’intendance de la maison et des repas – ce qui n’est pas une mince affaire et est même, pour cette jeune mariée, une performance logistique et gastronomique… de haut vol ! Vivant ici à l’année, et très occupés par l’organisation des chasses, ils ne dérogent pourtant pas à l’appel de l’Afrique, où Javier se rend chaque année. On peut d’ailleurs contempler de sublimes trophées rapportés de là-bas, accrochés dans les salons et la grande salle à manger.