Ah, les maires et autres élus écologistes… Qu’attend-on pour créer, à leur intention, un concours Lépine de la meilleure fausse bonne idée ? Le choix serait certes cornélien, tant les inventions présentées sont de belle facture… mais ne serait-il pas juste de récompenser ces esprits si créatifs, si progressistes ?
En lice, nous pourrions ainsi sélectionner : la mairie de Bordeaux, et la suppression de son traditionnel sapin de Noël place Bey-Berland ; celle de Strasbourg, et sa proposition de faire des rats et puces de lit des « commensaux », et non plus des « nuisibles » ; celle de Lyon, qui souhaiterait populariser l’idée selon laquelle le Tour de France est « polluant » et « machiste » ; celle de Vincennes, où un élu – qui s’est depuis excusé – s’est opposé à l’attribution d’une subvention destinée à un club de voile, parce que son parti – EELV, sans surprise – refuse de soutenir des « sports qui émettent des polluants » ; celle de Bordeaux, à nouveau (décidément très en forme !), qui n’accepte plus que les chasseurs interviennent pour réguler les populations de gentils lapins qui se multiplient dans le parc bordelais, et qui (mention spéciale, c’est une première) a nommé un « conseiller municipal délégué pour le respect du vivant et de la condition animale »…
Rude concurrence, en vérité !
Cela dit, s’il fallait vraiment choisir parmi les fausses bonnes idées rendues publiques à ce jour par les élus ‘‘écologistes’’ – car d’autres feront certainement leur apparition bientôt, amour de la surenchère oblige ! –, c’est à la mairie de Poitiers que nous accorderions, sans hésiter, notre suffrage. Car une ineptie d’un tel calibre, c’est aussi rare et précieux que le spectacle d’un végan convolant en justes noces avec un boucher ou un tueur des abattoirs… Qu’on en juge : légitimant sa décision par la lutte contre le changement climatique, Léonore Moncond’huy, maire EELV de son état, a annoncé fin mars qu’à partir de 2022 les subventions accordées d’ordinaire par la municipalité aux deux aéroclubs de la ville seront purement et simplement supprimées. En cause : l’utilisation présumée d’énergies fossiles dans ces pratiques sportives, utilisation incompatible, selon elle, avec la responsabilité politique dont elle se sent investie en tant qu’élue écologiste. Et Léonore Moncond’huy de prononcer cette phrase, chef-d’œuvre du genre : « L’aérien ne doit plus faire partie des rêves d’enfants »…
Naturellement, les réactions ont été nombreuses – la plupart condamnant et la décision et le propos. Du côté des Verts, Yannick Jadot a, le 15 avril dernier, déclaré que « les écologistes ne sont pas forcément les rois de la communication. » En somme, Léonore Moncond’huy aurait été maladroite, n’aurait pas choisi les bons mots, mais, sur le fond…
Plus personne n’ignore aujourd’hui qu’en politique l’invocation du ‘‘manque de pédagogie’’ ou de la ‘‘communication inadéquate’’ relève de l’enfumage, non de l’argument ou de la critique. « Les boomers, eux, ont prévu d'aller voter » : encore une maladresse, selon Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, une de plus – et pourtant si révélatrice des intentions réelles et de la pensée profonde de ce mouvement. Mais passons.
Questions : qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, la prétention à normer les rêves, c’est-à-dire la sphère la plus intime de l’intériorité individuelle, ne constitue-t-elle pas une étape décisive vers une forme de totalitarisme futur, à peine dissimulé, et contre lequel un George Orwell se serait immédiatement érigé ? En outre, puisqu’on peut douter que madame Moncond’huy ait beaucoup de goût pour la chasse, n’aurait-elle pas pu affirmer, avec ce même génie de la « communication » qui semble la caractériser : « La chasse ne doit plus faire partie des rêves d’enfants » ?
A quand, enfin, un concours Lépine de la meilleure fausse bonne idée… made in EELV, un concours Lépine couronnant ces élus qui refusent catégoriquement de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant que de parler ?