Deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis ; 18 mois de prison, dont 12 avec sursis – telles sont les peines requises par le procureur du tribunal correctionnel de Cahors, ce 17 novembre, à l’encontre, respectivement, de l’auteur du tir à l’origine de la mort accidentelle de Morgan Keane, en décembre 2020, dans le Lot, et du directeur de la battue au cours de laquelle
s’est déroulé le drame, le procureur ayant, en outre, demandé le retrait définitif du permis de chasser des deux hommes, ainsi qu’une interdiction de détenir des armes pendant cinq ans. Si le délibéré sera rendu le 12 janvier prochain, chacun se souvient que ce fut à la suite de ce décès que le collectif ‘‘Un jour un chasseur’’ fut créé, lequel, quelques mois plus tard, déposa une pétition sur la plateforme dédiée du Sénat afin de réclamer, notamment, l’interdiction de la chasse les mercredis et dimanches, un renforcement des règles de sécurité et du contrôle des armes, etc. Le seuil des 100 000 signatures nécessaires ayant été rapidement franchi, une mission parlementaire sur la sécurisation de la chasse fut mise en place qui, après avoir auditionné plus de 170 personnes liées peu ou prou à ladite problématique, formula trente propositions, dont certaines ont été beaucoup plus médiatisées que les autres : « aligner le taux d'alcoolémie retenu, l'interdiction des stupéfiants, ainsi que leurs sanctions respectives, sur les règles en vigueur en matière de code de la route » ; « ne pas retenir
de jour sans chasse au niveau national, mais mettre en place le cadre de dialogue qui permettra des adaptations locales concertées entre les acteurs du territoire » ; « rendre le certificat médical annuel obligatoire » ; « soutenir l'action des fédérations de chasseurs en faveur des postes de tir surélevés », etc. Ce qui est certain, au-delà des décisions qui pourraient être
prises, c’est que, si les incidents et accidents – y compris mortels – ont effectivement diminué ces vingt dernières années, ceux qui ont encore lieu (trop nombreux, hélas !) constituent, pour nos opposants, un puissant moyen de rallier une opinion a priori indifférente ou peu concernée : les chiffres et les probabilités ne sont pas toujours efficaces face à l’instrumentalisation de la peur. Par ailleurs, les cas ‘‘graves’’ étant principalement relevés lors de chasses aux grands animaux – sanglier au premier chef – impliquant des carabines, peut-être serait-il opportun, d’une
part, de plaider pour la création de deux permis distincts (canon rayé, canon lisse) soumis à deux examens spécifiques, plutôt que d’obliger tous les chasseurs à être formés à la carabine (certains n’en utiliseront jamais, qui risquent de raccrocher le fusil…), puis, d’autre part, de redynamiser massivement dans notre pays la culture du petit gibier, notamment sédentaire, bien moins accidentogène, et, qui plus est, nettement plus favorable au maintien d’une riche biodiversité…