Il faudrait « changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ». Cette déclaration de Sandrine Rousseau, le 27 août, à Grenoble, lors des Journées d’été d’EELV, n’est pas passée inaperçue. Députée ‘‘Écologiste-NUPES’’ de la 9e circonscription de Paris, la militante ‘‘écoféministe’’ – coutumière du fait : songeons par exemple à ses propos sur « l’homme déconstruit » – s’est attirée railleries et critiques venues d’horizons très divers, mais a aussi reçu le soutien de personnalités publiques idéologiquement parentes, voire homogènes, comme Julien Bayou, Clémentine Autain ou Rokhaya Diallo. Soyons substantiels : le mot ne devrait pas nous faire rire – pas du tout. Sandrine Rousseau siège à l’Assemblée nationale. La ‘‘pensée’’ qu’elle incarne est désormais présente au cœur de notre appareil démocratique. La pensée ? Un concentré de wokisme réinterprétant, avec une extrême radicalité, toutes les thématiques modernes liées à l’émancipation – notion de ‘‘genre’’, écologie, mémoire et continuité historiques, etc. –, et visant, in fine, à liquider toute trace de notre civilisation, sinon de notre humanité. Affreux facteur de pollution, la consommation de viande n’est ici qu’un prétexte. Le fallacieux raisonnement ? L’homme mange plus de viande que la femme ; or, la viande, ce n’est pas bon pour Gaïa ; donc l’homme est coupable et doit être délicatement castré (ce qu’elle entend par : « changer de mentalité »). Au-delà du symbole culturel du « barbecue », au-delà de l’indigence intellectuelle affligeante dont l’écho énorme de cette phrase est le reflet, c’est la « virilité » dominatrice de l’Occidental qui, essentialisée, doit disparaître dans le grand bain de l’indistinction. N’oublions jamais que l’intéressée a maintes fois affirmé qu’à ses yeux le « privé est politique » – postulat de tous les totalitarismes. Décidément, il n'y a vraiment pas matière à rire. D’autant plus que l’élue vient de faire paraître au Seuil Par-delà l’androcène, essai mâtiné de cette belle langue inclusive seule capable de nous libérer, enfin, de Molière ou Voltaire… Androcène ? « L’ère de l’homme », sans majuscule. L’homme qui devrait avoir honte de ripailler quand tous les voyants de l’écologie sont à la viande rouge – pardon : au rouge ! Évidemment, pas celui que l’on boit…