Si vous n’avez pas encore entendu parler de lui, cela ne saurait tarder ! Richard sur Terre – authentique pseudo dont use notre homme pour, à juste raison, se préserver des importuns – est de son propre aveu « un peu journaliste, et un peu avocat. Engagé dans les deux cas ». On ne saurait mieux dire car, fort peu conciliant à l’endroit des mensonges et autres manipulations dont les antichasse de tout poil abreuvent quotidiennement l’espace public, ce nemrod landais, quarantenaire à la barbe hirsute et à l’esprit clair, s’est donné pour mission de déconstruire littéralement les théories absurdes, les clichés ou les fausses polémiques qui entachent non seulement le monde cynégétique mais, plus globalement, les différentes composantes culturelles de la ruralité. Son principal média ? Internet, et surtout YouTube, où, sur sa chaîne, il publie régulièrement de courtes vidéos au sein desquelles il réalise un vrai travail critique, sur des sujets aussi divers que la vénerie, le véganisme, le RIP qui fait aujourd’hui couler tant d’encre vaine, les réussites de l’Aspas et le miracle de Genève, les stars médiatiques telles Hugo Clément, Nagui ou Arnaud Demanche… – au fil d’argumentations solidement menées, d’illustrations judicieusement choisies et d’une plume précise, drôle lorsqu’il le faut, à l’ironie mesurée. Par ses publications courageuses, honnêtes et d’utilité publique, Richard sur Terre montre que l’on peut encore utiliser la technologie avec intelligence, y compris pour vider de leur substance les tombereaux de propagande éhontée qu’elle véhicule massivement dans l’opinion ; au reste, nous ne pouvons qu’encourager nos lecteurs à s’abonner à sa chaîne, à la faire connaître – et plus, si affinités… Affinités que nous partageons quant à nous, sans nul doute, avec lui, comme en témoigne l’entretien qu’il nous a accordé.

Nous savons que vous souhaitez demeurer discret, mais que pouvez-vous nous confier de votre parcours ?

Mon parcours… Un enchevêtrement de métiers du commerce qui me laisse aujourd'hui un goût amer, tant je n'ai su y trouver ma place. Résultat d'une scolarité bâclée qu'un de mes professeurs avait synthétisé dans une appréciation de bulletin : ‘‘C'est du sabordage !’’ Sans aucun doute. Je suis donc allé au plus facile : la vente. Parce que je savais parler, et que j'étais à l'aise avec les gens. J'ai vendu des assurances, des voitures, des articles de chasse, des sites internet, des maisons. J'ai survolé ces postes avec une réussite très aléatoire, et j'ai parcouru la France, des Alpes-Maritimes au Tarn, en passant par les Hautes-Alpes, pour finir dans les Landes. Bilan professionnel mitigé. Pour le moins. Jusqu'à ce carrefour de ma vie, il y a quelques mois. Un carrefour qui m'offre un plaisir professionnel inédit.

Comment en êtes-vous venu à la chasse ? Quels modes de chasse pratiquez-vous en particulier, quelles sont vos préférences et pourquoi ?

Je suis un héritier, comme bon nombre de chasseurs. Je courais derrière mon grand-père, et mon père, portant fièrement les lièvres, les faisans, les perdrix, m'arrangeant toujours pour laisser dépasser une partie de l'animal de mon dos, dans l'espoir de croiser un quidam devant lequel j'aurais pu crâner. Une époque bénie aux odeurs de fougères, de bruyères, de sous-bois et de poudre, où je faisais trois pas dans un seul de mon père, les bottes lourdes et le cœur léger.

Aujourd'hui, je chasse principalement le brocard et le sanglier à l'arc traditionnel. J'ai choisi cette chasse en raison de la formidable proximité qu'elle offre avec les animaux. C'est une véritable intimité que je vis avec la nature, perché à cinq mètres dans mon arbre ou sur un sentier à la poursuite du petit prince d'été. Des moments d'une puissance infinie, loin des folies des hommes. Je ne suis jamais plus vivant qu'en ces temps-là.

J'ai aussi la chance d'avoir deux frères épagneuls bretons d'un an et demi qui entament leur première saison. Les bécasses arrivent à peine, et j'aime les traquer avec mon vieux Sagittaire.

Quels sont vos plus beaux souvenirs de chasse ?

Ils sont nombreux, mais un me vient en particulier. Un souvenir d'archer. Il y a quelques années, en plein cœur de l'été, j'étais à la poursuite d'un vieux brocard à l'approche, dans la forêt des Landes de Gascogne. La face bien blanche et le trophée bien pâle. Ça faisait plusieurs jours qu'il déjouait mes ruses, mais ce jour-là, tout semblait parfait. Le vent était de mon côté, et il broutait tranquillement dans les herbes hautes. Je ne voyais que sa tête dépasser. J'ai commencé mon approche, accroupi d'abord, puis en rampant. Il fallait que je me relève régulièrement pour me repérer. Je devais être à une trentaine de mètres. Encore trop loin. ‘‘Toujours plus prêt’’ est la devise des archers. J'ai fait encore dix mètres, le cœur battant, concentré pour faire le moins de bruit possible. J'ai relevé la tête, et là… plus rien. Disparu. Je suis resté immobile pendant plusieurs minutes, à scruter l'endroit où je l'avais vu la dernière fois. Il était parti. Je me suis assis pour reprendre mes esprits, déçu et heureux. Je finis par me relever pour tomber nez à nez avec lui. Il s'était déplacé de quelques mètres sur le côté, et il n'était pas à plus de cinq mètres de moi. On est resté là tous les deux. Pétrifiés pendant plusieurs secondes. Mon cœur voulait sortir de ma poitrine, et mes genoux me tenaient à peine. Il a finalement détalé, et c'est sous des aboiements nourris que j'ai regagné mon véhicule, un grand sourire aux lèvres.

Comment l’idée de réaliser les vidéos que vous proposez s’est-elle présentée ? A quels besoins cela répondait-il ? Quelles sont vos intentions, notamment en passant par ce média ?

J'ai commencé à écrire des vidéos parce que notre époque nous permet techniquement d'exercer notre liberté d'expression très facilement. Un portable, un micro, et hop ! En ligne ! Je suivais l'actualité cynégétique de près, et les occasions de râler étaient trop nombreuses pour que je m'autorise le silence.

Cette liberté d'expression est largement monopolisée par nos opposants, qui se confondent en bêtises, en mensonges et en approximations. J'ai lu il y a quelques jours le billet d'une association animaliste qui pestait contre la chasse de la bécassine d'élevage. Comment rester silencieux ? Comment ne pas prendre un micro et rétablir les vérités ? C'était trop douloureux. Il fallait que je parle.

J'ai reçu un accueil chaleureux de la part des chasseurs, et notamment de très nombreux messages de remerciements, ce qui est le meilleur compliment qu'on puisse me faire. Je suis heureux de pouvoir réparer, ne serait-ce qu'un peu, cette blessure que ressentent bon nombre de chasseurs face aux attaques injustes dont ils sont victimes.

Mon intention est d'être une sorte de vigie, et de ne jamais rater une occasion de rétablir une vérité. Je souhaite aussi traiter de grands dossiers, enquêter sur nos opposants, et montrer ce que la chasse a de plus beau. Un peu journaliste, et un peu avocat. Engagé dans les deux cas.

Pourriez-vous nous décrire les étapes de l’élaboration de vos vidéos ? Vous travaillez seul…

Oui, c'est une activité artisanale. Je pars d'un sujet, souvent une question. Ensuite j'écris. Cela me prend environ deux jours (une vingtaine d'heures). C'est un temps de partage avec mon épouse. Elle est ma conscience, mon garde-fou, ma productrice, et la personne la plus sévère avec mon travail. Je lui dois beaucoup. Sans elle, toute cette entreprise n'existerait pas. Ensuite, je tourne, puis vient le temps du montage, travail de fourmi qui nécessite à peu près quarante heures de travail (pour une vidéo de dix minutes).

Lorsque vous avez ‘‘apostrophé’’ Nagui, Aymeric Caron ou Xavier Niel par exemple, avez-vous eu des retours des intéressés ? De façon plus large, quelle est la palette de réactions que vous recevez lorsque vous mettez en ligne vos vidéos ?

Les réactions des intéressés sont rares. Nagui ou Xavier Niel n'ont sans doute même jamais entendu parler de moi dans leur tour d'ivoire. En revanche, Aymeric Caron m'a interpellé sur Twitter, et nous avons ensuite échangé par messages privés. Nous sommes irréconciliables sur le fond bien sûr, mais une discussion s'est engagée. C'est un homme brillant, mais l'idéologie qu'il porte est dangereuse. Il est un adversaire respectable malgré tout, même si je me battrai jusqu'au bout contre les idées qu'il porte.

De manière plus générale, je reçois beaucoup d'insultes et de menaces de mort de la part de gens endoctrinés et sectaires. Rien de bien sérieux. Mais notre époque laisse voir sa haine en donnant la parole à des gens qui se regroupent autour d'un bannière. Une fois la cause implantée dans des cerveaux prêts à l'accueillir, les réseaux sociaux et l'aspect grégaire de notre espèce font le reste.

Mais il existe une part des Français qui n'a pas encore d'avis, et je reçois de nombreux témoignages de gens qui me remercient de leur donner un autre son de cloche ; de leur laisser à voir ce qu'est vraiment la chasse, loin de l'agitation et des articles outranciers. Je suis très fier de ça, et chaque message de cet ordre me fait gonfler la poitrine.

Face au contexte – disons – tendu auquel nous sommes confrontés en tant que chasseurs, comment voyez-vous l’avenir de notre passion, qui est aussi, répétons-le, une manière de se rapporter à la nature et d’y vivre ? Quelles mesures doit-on prendre, ou quels comportements doit-on adopter pour que la chasse, notamment dans nos contrées, puisse perdurer ?

Nos opposants font preuve d'une agressivité inédite dans l'histoire de nos passions et leur écho dans la société est considérable. Reflet d'une époque, je le crois, qui glorifie la jeunesse, et qui efface ce qui fait le sens des choses. La prédation est la vie. Qu'ils ne le comprennent pas, je l'admets. Mais qu'ils nous accablent de leur ignorance, non.

La chasse a toujours su évoluer, s'adapter pour être toujours plus éthique, et pour cela, nous n'avons jamais eu besoin des excités animalistes.

Je refuse de céder sous la pression des associations toujours promptes à se vautrer dans le mensonge pour servir leur dogme.

Non. La chasse doit évoluer car elle est prête pour ça. Parce qu'un nombre grandissant de chasseurs appellent ces changements de leurs vœux. Elle doit être belle, sauvage, éthique, utile à la société et ouverte sur le monde. Je crois profondément que les jeunes chasseurs (et aussi les moins jeunes), qui sont nombreux parmi mes abonnés, aspirent à trouver du sens dans ce qu'ils font. Et lâcher un faisan le vendredi pour le tirer le samedi n'en a pas, de sens. Voilà pour l'exemple, mais ils sont légion. La chasse, pour moi, doit véhiculer des valeurs nouvelles, qui la porteront dans le troisième millénaire. Nous devons être les gardiens des forêts, des campagnes, des vallées. Nous devons assurer la société de la bonne gestion de nos milieux, d'un point de vue humaniste, en respectant le travail des hommes, agriculteurs, éleveurs, et acteurs de la ruralité. Parce que cette France que nous avons façonnée depuis des millénaires fait vivre les humains dans leur milieu naturel, les deux pieds plantés dans la terre. Le combat, aujourd'hui, est de maintenir l'homme dans la nature. Dans sa nature.

Parmi nos lecteurs, certains souhaiteront peut-être vous aider : comment doivent-ils procéder ?

La première chose, c'est de s'abonner à la chaîne YouTube, et de partager les contenus. Plus la chaîne a de poids, et plus les arguments portent. Et pour ceux qui souhaitent m'aider à financer ces projets, ils peuvent le faire via le site Tipeee.com. C'est très simple, et ça me permet d'être indépendant, et de poster du contenu régulièrement.