L’essai proposé ici par les éditions du Gerfaut est à la fois méritoire et courageux. Olaaf Brentot, son auteur – ex-publicitaire, enseignant dans le domaine de la communication –, fait partie des quelques personnes qui, chaque année, après avoir longtemps été soit hostiles soit indifférentes à la cynégétique, y sont venues par le biais de rencontres et/ou d’heureux hasards. « Je n’étais pas ce que j’appelle aujourd’hui un antichasse actif, c’est-à-dire qu’il n’y avait rien de militant dans mes propos, ni dans mes actions, explique-t-il. La chasse et les chasseurs m’étaient tout simplement étrangers, lointains. […] J’évoluais dans un univers urbain, sans en avoir conscience j’étais coupé de la nature. Ces individus et cette activité, je les jugeais sans les connaître vraiment… » Tout l’intérêt de Repenser la chasse est peut-être d’abord là, dans la volonté de découvrir un univers aux formes et aux expressions multiples, un univers qui plonge ses racines dans les plus lointaines origines de l’homme et qui est, de nos jours, tout aussi attaqué que règlementé – en tout cas sous nos latitudes. Ainsi Olaaf Brentot a-t-il relevé le défi d’expliquer en quelque quatre cents pages « ce qu’est réellement la chasse, sur le terrain », sans prétendre, bien entendu, à l’exhaustivité, mais en effectuant différents détours historiques, sociologiques, juridiques, éthiques, philosophiques, etc. Discutant du bien-fondé de certaines pratiques ou attitudes, il nous invite par ailleurs à réfléchir à « la chasse de demain », c’est-à-dire à ce qui conditionne, selon lui, la pérennité de cette passion multimillénaire. Or, en dépit de la fécondité des pistes explorées – qui est réelle –, on pourra peut-être regretter que l’ouvrage pèche par excès de détails et, surtout, qu’il ne se concentre pas davantage sur ce qui fait spécifiquement la légitimité de la chasse, au-delà de sa légalité, de son utilité, et même de l’image qu’elle renvoie. Toutefois, ce bémol mis à part, nous ne pouvons que nous réjouir de la parution de cet essai, dont nous conseillons évidemment la lecture, y compris critique.

Éditions du Gerfaut, 416 pages, 22 €.