Le 19 mai, Barbara Pompili (photo), ministre de la Transition écologique, et Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, ont signé, aux côtés d’Allain Bougrain- Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, une convention en vertu de laquelle le jardin de l’hôtel de Roquelaure, siège du ministère (Paris VIIe), est devenu un ‘‘refuge LPO’’ (il en existerait environ 40 000 en France). Le lieu, en effet, abriterait fauvettes
à tête noire et autres verdiers : oiseaux protégés, mais que notre ministre éprouvait visiblement le besoin de protéger encore plus… De fait, une plaque matérialisant la labellisation LPO ainsi que deux nichoirs – excusez du peu – ont été posés. Dorénavant, le jardin bénéficiera de l’expertise unique au monde – n’ayons pas peur des mots – de l’association qui fut, jadis, fondée par des chasseurs : installation de nichoirs adaptés, plantation de végétaux propices à la petite faune, aménagements divers pour la biodiversité, et non pas contre…
Plus sérieusement, il y a lieu de s’interroger sur ce choix de notre ministère
de tutelle. Où donc est passé le devoir de neutralité censé être au cœur de ses décisions ? Faut-il voir ici un symbole, celui d’une instance gouvernementale qui se laisse volontairement assiéger par une sensibilité de l’écologie, et une seule ? Comment le monde cynégétique et l’ensemble
des associations de conservation de la nature doivent-ils interpréter ce geste ? À l’aune de cette inquiétante connivence, Allain Bougrain-Dubourg, lobbyiste de vieille racine s’il en est, a pu déclarer tout sourire : « J’adresse ma reconnaissance à Barbara Pompili, et me réjouis que l’État participe à ce nécessaire élan citoyen pour sauvegarder la nature de proximité en ce lieu si symbolique ». Est-ce tout ? Certes, non ! Car le 11 juillet dernier, c’était au
tour du cimetière de la Guillotière – le plus grand de Lyon : 18 hectares – de recevoir le précieux label lors d’une inauguration au cours de laquelle étaient notamment présents Grégory Doucet, maire EELV, et le président de la LPO – promu deux jours plus tard commandeur de la Légion d’honneur grâce aux bons soins de… Barbara Pompili. Cocktail, jolies tables, ateliers divers et ambiance festive étaient de rigueur – au milieu des sépultures. Et la LPO d’écrire sur son site :« Ces cimetières d’un nouveau genre [sic !] sont tout autant lieux de recueillement qu’espaces de détente [sic !], où se croisent visiteurs et espèces vivantes. […] Preuve aussi qu’un site funéraire peut finalement être plein de vie ! » Textuel. Il fallait oser…