Dans un post Facebook daté du 19 décembre dernier, le vététiste double champion olympique et quintuple champion du monde Julien Absalon relate l’anecdote suivante : « Je ne souhaite pas créer de polémique mais j’ai une petite question. Hier, lors de ma sortie en VTT à la sortie d’un virage, j’ai été mis en joue par un chasseur, j’ai crié pour lui notifier que je n’étais pas un sanglier (j’espère qu’il avait remarqué…). Je lui demande pourquoi il me vise, il me répond que son fusil est chargé (rassurant) mais qu’il est en l’air (un peu en ma direction quand même…). Bon, on s’explique calmement (en même temps il vaut mieux car il a une arme chargée dans les mains…). Avant de repartir, je lui demande s’il est seul. Il me répond, oui, je chasse seul avec mon chien. Du coup, ma question : est-il autorisé de chasser seul ? Du coup sans signalement, sans mettre de panneau… Je ne suis pas antichasse mais c’est un peu ‘‘étrange’’ de croiser en forêt des personnes seules armées de fusils chargés. »
Loin de nous l’idée de vouloir ‘‘moquer’’ la réaction – certes excessive – du sportif, ni, d’ailleurs, d’accabler ce chasseur qui était alors, semble-t-il, dans son bon droit. Oui on peut « chasser seul », et c’est heureux, et, non, les chasseurs ne sont pas obligés de placer systématiquement des « panneaux » – cela dépend, comme chacun le sait ou devrait le savoir, du type de chasse en cours, etc. Ce qui est, en revanche, intéressant et inquiétant ici, c’est la peur éprouvée par Julien Absalon lors de cette ‘‘rencontre’’, une peur presqu’automatique, une peur que d’aucuns imaginent même relever du simple bon sens. Le chasseur serait-il dangereux par essence ? « Je ne suis pas antichasse mais c’est un peu ‘‘étrange’’ de croiser en forêt des personnes seules armées de fusils chargés » : une telle ‘‘conclusion’’ devrait sérieusement nous alerter, dans la mesure où elle nous permet de constater, d’une part, à quel point les accidents qui surviennent à la chasse – et notamment lorsqu’est invoquée la fameuse ‘‘confusion’’ avec un cerf ou un sanglier ! – sont dorénavant ‘‘inscrits’’ dans l’imaginaire collectif, parmi l’opinion publique ; et, d’autre part, à quel point l’identification du chasseur à un criminel promue par les anti commence à porter ses fruits.
Nul ne conteste, surtout exprimée ainsi, que la perspective « de croiser en forêt des personnes seules armées de fusils chargés » soit inquiétante ; mais peut-on honnêtement, sans idéologie, nous réduire, nous autres chasseurs, à ces « personnes seules armées de fusils chargés » ? Là est bien la question…