La polémique est repartie et l’image du monde de la chasse française n’en sort pas grandie. En décembre dernier, le Conseil d’État a annulé l’arrêté du ministère de l’Écologie qui avait prolongé de dix jours la chasse des oies en France, c’est-à-dire du 31 janvier au 10 février ; le Conseil d’État avait été saisi par plusieurs associations de protection de la nature (France nature environnement, la LPO et l’Association pour la protection des animaux sauvages).
De quoi s’agit-il ? Cette affaire dure en réalité depuis plus de trente ans et remonte à la directive 79/409 (qui interdit la chasse des migrateurs en période de remontée prénuptiale). Or toute la question est de savoir avec précisions les dates de remontée vers les zones de nidification, afin de suspendre la chasse pour ne pas compromettre la reproduction de l’espèce. C’est pour cette raison que le ministère a, en 2009, fixé au 31 janvier la fermeture de cette chasse.Mais jugeant que les populations d’oies cendrées étaient « en pleine expansion », il avait repoussé de dix jours cette date limite.
Un rapport demandé par le gouvernement, établi par les services scientifiques de l’ONCFS et rendu public au mois de décembre, confirme que les oies remontent bien à partir de la seconde quinzaine de janvier. Le ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a donc logiquement fixé un nouvel arrêté au 31 janvier, tout en signant une circulaire demandant à la police de la chasse d’être clémente avec les chasseurs qui auraient tiré des oies hors date ! Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les syndicats de la police de la chasse car ce n’est ni plus ni moins qu’une incitation au braconnage. D’ailleurs certaines fédérations jusqu’au-boutistes (notamment celles du
Pas-de-Calais,de la Somme et des Charentes-Maritimes) en ont profité pour s’engager dans la brèche et satisfaire quelques centaines de chasseurs…
Le monde cynégétique est effondré par cette affaire car il veut, grâce aux études et aux recherches scientifiques,montrer que ses troupes sont raisonnables. Et il est conscient que cette question des mouvements migratoires est réelle, les migrateurs remontant de plus en plus tôt avec le réchauffement climatique. Ce problème ne peut donc être réglé qu’en poursuivant les études scientifiques et en renégociant les textes européens.