La crise sanitaire et les bouleversements économiques redistribuent les cartes du marché immobilier professionnel. Benoît Perrot, président fondateur d’Aktis Partners, nous éclaire sur les évolutions de ce secteur.

Surfaces, localisations, usages des bureaux, etc. : que recherchent les entreprises depuis la crise sanitaire ?

Elles cherchent à réduire de façon drastique leurs surfaces de bureaux, d’environ 30 à 40 %. La crise sanitaire a des conséquences comparables à celles du Brexit. Certaines entreprises, notamment dans les secteurs technologiques et automobiles, choisissent de supprimer tout ou partie de leurs bureaux, à l’instar de Stellantis, qui a repensé intégralement ses usages partout dans le monde. Ce phénomène s’accompagne d’une volonté de recentralisation vers les sites hyperurbanisés qui ont l’avantage de permettre une grande mobilité des salariés. Ceci se traduit par une explosion de la demande de bureaux dans Paris intramuros et dans les quartiers d’affaires des villes moyennes. Nos clients y recherchent des immeubles de grande qualité, qui soient à la fois exemplaires d’un point de vue environnemental et qui offrent un maximum de services pour l’hybridation : services de conciergerie, de sport, d’assistance technique aux équipements… l’hospitality est reine. Dès lors, les loyers flambent. À Paris, dans les meilleurs quartiers, ils dépassent les 1000 euros le mètre carré, ce qui représente une hausse de près de 20 % en deux ans ! À l’inverse, dans les quartiers décentralisés comme à la Défense, les taux de vacances explosent et les bailleurs peinent à commercialiser leurs biens.

Qu’entendez-vous par hybridation ?

Née avec la mise en place de jours de télétravail obligatoires, l’hybridation permet aux salariés de vivre dans des lieux choisis indépendamment de l’emplacement de leur entreprise. Ce phénomène oblige les dirigeants à raisonner autrement pour occuper l’espace de travail, et à résoudre des équations à trois inconnues : qui vient ? quand ? et pourquoi ? Cela leur demande de déployer un certain nombre d’outils. Dans cette optique, le poste de travail ne se voit parfois plus rattaché à une personne. C’est le concept du flex office. Deuxième conséquence : l’entreprise propose des postes de travail hybrides, de type co-worker, à proximité du lieu d'habitation des candidats. Enfin, dernière conséquence, le full remote, qui
permet aux collaborateurs de vivre où ils le souhaitent et d’adapter leur temps de travail. Parmi nos clients, une entreprise impose à ses salariés de se rendre au bureau seulement une fois par mois, pour échanger et créer du lien. Mais attention, cette approche ne convient pas à toutes les professions.

Comment Aktis, acteur reconnu dans l’immobilier de bureaux, prend-il ce nouveau virage ?

L’entreprise s’est réorganisée pour offrir du sur mesure, offrir une réponse agile et pertinente à l’ensemble de nos clients et s’adapter à leur demande. Canal + , par exemple, a réduit sa surface de bureaux de plus d’un tiers pour coller au mieux aux nouveaux modes de travail et stratégies managériales du groupe. Nous les accompagnons depuis deux ans pour mener à bien cette transition. Nous venons de créer une filiale de bureaux opérés. L’objectif est de permettre à ceux qui ne souhaitent plus exploiter
seuls leurs bureaux de nous confier l’activité de gestion de leurs espaces de travail. À l’image de la gestion des flottes automobiles d’entreprise, nous proposons des packages globaux de prestations de services ; cela va de la sélection de l’immeuble de bureaux au financement des aménagements et du mobilier par le bailleur. Du full service ultra personnalisé ! En complément, pour les entreprises qui réduisent leurs surfaces, nous lançons une plateforme de location de postes de travail disponibles. Nous sommes
les seuls en France à proposer de telles prestations sur mesure. C’est finalement un mix des modèles de Booking et d’Airbnb !

benoit.perrot@aktis-partners.com