Au début de l’été, un texte voté à une courte majorité au Parlement européen est presque passé inaperçu. Pourtant il est, à bien des égards, révélateur d’une radicalité environnementale qui, sous couvert de bons sentiments, pourrait conduire à des catastrophes. En cause : le « projet sur la restauration de la nature » qui fait partie du « green deal », autrement dit le Pacte vert défendu par la Commission européenne (pacte qui a édicté de nouvelles contraintes comme la taxe carbone à l’entrée du marché intérieur, la réglementation sur les émissions industrielles ou encore les normes de rénovation énergétique des bâtiments, la sortie du moteur thermique…). Ce texte prévoit une série de nouvelles règles écologiques, avec pour ambition de reconstituer l’environnement aujourd’hui menacé.
En théorie, qui pourrait être contre, à commencer par le monde cynégétique ? Seulement voilà, à y regarder de plus près, il y a de quoi s’inquiéter. Sur la forme d’abord. Pourquoi ajouter un texte supplémentaire alors même que déjà plus d’une… vingtaine concernent la protection et la restauration des écosystèmes naturels ? Sur le fond ensuite. Pour ‘‘restaurer’’ des espaces naturels, le texte fixe, par exemple, un objectif de 10 % de terres agricoles rendues non productives d’ici à 2030, doublé d’une exigence chiffrée pour la remise en eau de tourbières. Qui plus est, les États membres devront soumettre à Bruxelles un ‘‘plan de restauration’’ les engageant à cet effort de diminution des surfaces agricoles utiles. L’étude d’impact de la Commission européenne elle-même prévoit que cette loi aura pour conséquence une réduction de la production alimentaire en Europe. Le même résultat vaut pour la pêche, qui se verrait interdire l’accès à des espaces maritimes, avec pour effet une nouvelle baisse d’activité. Sans oublier que d’autres domaines sont concernés par ce projet : la Commission européenne veut créer des normes pour le couvert arboré en ville, la part des forêts et la gestion de leur âge, la destruction de barrages sur 25 000 kilomètres de cours d’eau…
Le débat a été houleux. François-Xavier Bellamy, chef de file des LR au Parlement européen, n’a pas cessé de dénoncer la « folie » du texte, car il organise, selon lui, une « véritable politique de décroissance en Europe alors que les crises récentes, liées au Covid ou à la guerre en Ukraine, auraient dû nous apprendre l’impérative nécessité de renouer au contraire avec la production dans nos pays des biens les plus stratégiques ».
Plus encore se profile, derrière le vocable de ‘‘restauration’’, le retour à la nature ‘‘sauvage’’, c’est-à-dire anarchique, au sein de laquelle l’Homme n’a plus droit de cité. Une restauration qui aurait concrètement pour conséquences une prolifération des friches, favorisant entre autres la propagation des incendies, des sangliers et, mécaniquement, un appauvrissement de la biodiversité…
Le texte voté, il va maintenant être discuté entre le Conseil, le Parlement et la Commission européenne. Il pourrait arriver à l’automne dans sa nouvelle mouture.