À nos yeux, le titre de cet ouvrage n’en reflète qu’approximativement le contenu : il ne s’agit pas, en effet, d’un traité de chasse, ou d’un recueil d’anecdotes. Professeur émérite de l’université de Bordeaux, Bernard Traimond nous propose ici un ensemble de réflexions d’ordre anthropologique (sa spécialité), prenant pour objet d’étude un panel de nemrods des Landes qui pratiquent la chasse du sanglier. Lui-même chasseur, et natif de ce département (où, on le sait, la bête noire pose de sérieux problèmes…), c’est en scientifique, et à travers le témoignage de ceux qui la vivent de l’intérieur, que Bernard Traimond aborde la chose cynégétique – avec précaution, humilité, et un certain humour. En bon anthropologue, l’auteur mêle l’exposition de sa ‘‘méthode’’ à la ‘‘narration’’ de ses observations (qui concernent aussi bien l’organisation des battues, l’histoire de la présence du sanglier dans les Landes, les dégâts que celui-ci commet dans les cultures, le vocabulaire spécifique à sa chasse…). Si ce mélange est un peu déroutant pour le profane, l’intention de l’auteur est cependant louable : « Je voudrais donc faire part de pratiques et de discours de ceux qui vivent dans l’intimité des plantes et des animaux sauvages […]. Il ne s’agit pas de recopier les écrits des ‘‘scientifiques’’, mais de m’attacher aux propos des hommes de l’art, de ceux qui, tous les jours, arpentent les pins […] afin d’y lire le passage des animaux, de s’identifier à eux ».
Cairn, 112 pages, 17 €.