Sans les animaux, l’histoire des hommes n’aurait pas été la même. C’est une évidence, certes, encore est-il bon de nous la rappeler et de nous la raconter. C’est tout l’objet de cet ouvrage collectif, sous la plume solide de quinze historiens (dont, entre autres, Robert Delort, Daniel Roche, Michel Pastoureau, Jean-Marc Moriceau ou encore Philippe Salvadori). La matière est immense, inépuisable… Aussi tout le mérite de ce volume est-il d’avoir choisi des thèmes précis afin de tenter de prendre la mesure du sujet. Bien sûr, il est question des animaux de ferme (« piliers de la civilisation matérielle »), qu’ils soient de bât, d’élevage, avec le rôle majeur du cochon (et ce, dès l’Antiquité), du cheval, mais encore des éléphants et du dromadaire (dans le peuplement du désert d’Afrique du Nord, « il en redessina la géostratégie, contribuant à l’expansion des premières grandes formations impériales »). Il est encore question de rats (passionnant chapitre que devrait lire et relire Anne Hidalgo !) et de procès tout à fait extravagants d’animaux (dont celui, célèbre, de la truie de Falaise). On s’en doute : le chien tient les premiers rôles, lui, « le plus ancien compagnon de l’homme », qu’il soit de garde, gardien de troupeau, de chasse… La chasse est abordée à diverses reprises, en particulier sous le prisme essentiel du chien, mais également par sa pratique chez les Romains et chez les rois de France. On peut toutefois regretter, sur ce thème de la cynégétique, des approximations et des interprétations parfois erronées (à cet égard, d’ailleurs, pourquoi ne pas avoir fait relire ces pages par des spécialistes ?). Bref, ce livre doit retenir toute notre attention, car il faut le lire à la lumière de l’actualité. Une chose est certaine : l’épilogue de cette formidable histoire n’est pas écrit. Observons en effet simplement les évolutions actuelles sous nos latitudes, entre la montée de l’antispécisme, la volonté de faire de l’animal l’égal de l’homme, de nier toute hiérarchie naturelle, et de bannir la chasse…

Tallandier, 283 pages, 21,50 €.