‘‘Bien-être animal’’, ‘‘maltraitance animale’’, ‘‘question animale’’… Jamais peut-être la nature de notre relation aux animaux – domestiques, de rente ou sauvages – n’a été si présente au sein du ‘‘débat public’’. Débat ? Le mot paraît peu adéquat, tant les ‘‘partis’’ et ‘‘points de vue’’ – souvent marqués par le militantisme, voire l’activisme – versent volontiers dans le simplisme et la caricature. « Spécistes contre antispécistes, viandards contre végétariens, chasseurs contre écologistes, éleveurs contre défenseurs du droit des animaux, humains contre non-humains, rien ne semble pouvoir arrêter les clivages à l’œuvre », singulièrement à l’heure où seules les voix les plus outrancières (« animalistes burlesques et carnistes bouffons ») parviennent à se faire entendre, en dépit, dans l’écrasante majorité des cas, de leur stérilité.
Or, c’est tout l’intérêt du livre de Renaud Large que de s’efforcer, d’une part, de renvoyer dos à dos « les forces belligérantes » de ces « guerres animales », et, d’autre part, de poser les bases d’une troisième voie, qu’il nomme lui-même le « welfarisme animal à échelle humaine », lequel, grosso modo, plaide pour une « amélioration des conditions animales » « respectueuse des fondamentaux humains ». Il l’écrit sans ambages, et contre les possibles dérives de certains tenants de l’animalisme : « l’humain, d’abord ! », affirmation qui vise à souligner le légitime souci de la préservation de la vie humaine ainsi que de ses expressions culturelles, mais aussi, surtout peut-être, le fait qu’il incombe seul à l’homme de se sentir et savoir responsable à l’égard de toutes les manifestations du vivant. Si l’on peut, outre quelques naïvetés, regretter que l’auteur se présente comme un « chasseur repenti » – en quoi la chasse serait-elle moralement condamnable ? Thèse que ne soutient d’ailleurs pas Renaud Large… –, son essai fourmille d’informations et de fécondes réflexions (le chapitre consacré à « la bataille des imaginaires animaliers » est, par exemple, fort éclairant).
L’Aube, 232 pages, 20,50 €