Jusqu’à il y a quelques décennies, la chasse, sous nos latitudes, relevait de l’évidence ; à partir des années 1970 surtout, elle est devenue une question ; aujourd’hui, elle prend de plus en plus la forme d’un problème – un problème que certains individus ou groupuscules, convaincus de faire œuvre de salut public, s’emploient à régler par les moyens les plus expéditifs, ceux-ci dussent-ils être totalement hors la loi et surtout très dangereux.
Le fait n’est pas nouveau, mais il semblerait être favorisé par le ‘‘contexte’’ de confinements successifs que nous subissons depuis le mois de mars 2020 : en effet, et quoique nous ne disposions pas encore de chiffres précis, il paraîtrait que les actes de vandalisme à l’encontre des installations cynégétiques soient en augmentation sur notre territoire. Dégradations commises sur des huttes, destructions de miradors – au moyen de tronçonneuses, notamment –, poses de clous sous les postes d’affût destinés à blesser leurs utilisateurs, cabanes et pavillons de chasse incendiés (deux exemples parmi tant d’autres : le 20 novembre, à Lavans-Quingey, dans le Doubs – neuvième cas depuis janvier ! –, ainsi que le 28, à côté de Saint-Pierre-sur-Dives, dans le Calvados…), etc. : tous les coups seraient-ils donc dorénavant permis contre les chasseurs ?
Ces ‘‘initiatives’’, qui reflètent le sentiment de ‘‘légitimité protectrice’’ dont certains activistes antichasse s’estiment pourvus, ont assurément pour finalité d’acculer les nemrods à répondre eux-mêmes par la violence – les veneurs connaissent bien cette méthode, hélas –, ce qu’il ne faut naturellement faire à aucun prix. En tout état de cause, ‘‘l’inventivité’’ dont les auteurs de ces forfaits font preuve est visiblement sans limite, et c’est à telle enseigne que la gendarmerie nationale, dans un communiqué du 25 novembre, a jugé nécessaire de publier une « mise en garde à l’attention des chasseurs », particulièrement de ceux de la Meuse, département au sein duquel des chasseurs ont signalé avoir eu les boulons de leurs roues de voitures intentionnellement dévissés, alors qu’ils participaient à des battues… « Si, pour l’heure, ces actions semblent isolées, il n’est pas à exclure que les auteurs réitèrent ce genre de faits. Pour rappel, l’année dernière, de nombreuses dégradations ciblant des véhicules de chasseurs ont été commises et des actions antichasse ont été menées en divers endroits du territoire », précise le communiqué. Ces gens viseraient-ils l’homicide qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.
Mais quoi d’étonnant, en vérité, lorsque l’identification du chasseur à un assassin, à un sadique, à un nuisible est devenue monnaie courante, de bon ton jusque dans l’espace public ; lorsqu’une personnalité politique comme Yannick Jadot réduit avec force démagogie la chasse à un « loisir » consistant à « tuer », dans la droite ligne d’un Nicolas Hulot qui, lui, se plaît à enrober la haine qu’il nous voue de la fameuse périphrase hugolienne désignant les « semeurs de trépas » ; lorsque Brigitte Bardot, dans une lettre datée du 7 juin au président Macron lui-même, s’autorise à qualifier Willy Schraen de « gros salopard » (sic !) ; lorsque la même Brigitte Bardot, le 6 janvier 2021, se fend d’un tweet réclamant du « virus » qu’il « nous débarrasse de ces sadiques », c’est-à-dire des veneurs ; ou lorsque, dans un tweet du 14 mai, le député des Bouches-du-Rhône Éric Diard déclare, à propos du président de la FNC : « Le jour où il vient à l’Assemblée je vais le faire courir ce chapon », saillie tellement subtile et élégante qu’elle est suivie d’un smiley ?… Les exemples sont légion, qui fournissent aux ‘‘justiciers’’ les plus radicaux de nos campagnes la… caution médiatique et politique qu’ils n’auraient osé espérer.