Voilà un petit ouvrage – paru en 1979 et réédité aujourd’hui – qui nous livre l’essence même de la grande chasse africaine, dans son intimité, dans sa brutalité, où, dans la brousse, c’est tuer ou être tué, où la mort rôde à chaque instant. Georges Remy, ardennais de son état, tombe amoureux – comme tant d’autres – de l’Afrique, « des tribus perdues, où des pisteurs
mènent, en rampant, vers les buffles et les lions, cette Afrique inoubliable où l’on se dresse au soleil levant pour affronter un fauve… » Les lions seront sa quête ultime, animaux fascinants s’il en est, au regard à nul autre pareil, « des machines à tuer » avec leurs rugissements qui s’entend à… sept kilomètres. Avant, Georges Remy nous raconte tous les épisodes qui l’ont précédée, le bonheur de se trouver en brousse, en RCA, ses approches épuisantes sur des buffles, des élands de Derby… Il restait le lion, le bamara, chassé soit à l’appât, soit à l’approche.
Puis ce sera l’ultime quête sur un ultime lion, en plaine, « une approche fort intimidante » (« c’est la balle ou la boîte »). Le 7 mars 1979, il blesse le fauve qui les attend dans le couvert, et c’est l’accident : « une attaque délibérée, franche, hardie et justifiée » avec ce « regard qui imprègne encore mes sens, un reflet de trépas dans un monde de lumière ». La première charge est terrible, la deuxième l’est tout autant… Georges Remy en réchappera miraculeusement avec un bras et une main en charpie. Et, pourtant, la « nostalgie des nuits en brousse » ne l’a jamais quitté.
Montbel, 149 pages, 25 €.