L’apparition, en décembre dernier, dans la ville chinoise de Wuhan, d’une nouvelle souche de coronavirus baptisée 2019-nCov (ou Covid-19), contagieuse et transmissible à l’homme, n’aura échappé à personne. Mais si les scientifiques s’accordent à penser que le virus provient de la chauve-souris, les soupçons se portent dorénavant sur le pangolin, ce mammifère insectivore recouvert d’écailles que l’on trouve en Afrique tropicale et équatoriale ainsi qu’en Asie du Sud-Est, et qui est classé à l’Annexe I de la Convention de Washington – l’état de ses populations étant aujourd’hui très critique, principalement à cause du braconnage (sa chair est très prisée en Chine et au Vietnam, où l’on prête, par ailleurs, des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques à ses écailles de… kératine). Pour faire simple, le coronavirus 2019-nCov ne pouvant se transmettre directement de la chauve-souris à l’homme, il a besoin, pour muter et pouvoir infecter ce dernier, de ‘‘passer’’ par un autre animal que l’on appelle ‘‘hôte intermédiaire’’ ; or, si l’on en croit un communiqué de l’Université d’agriculture de Chine du Sud daté du 7 février, le pangolin serait cet hôte – tout comme la civette l’avait été lorsqu’une épidémie de Sras, dont le Chine était l’épicentre, avait sévi entre 2002 et 2004, provoquant la mort de quelque 800 personnes. Alors qu’on estime que 100 000 pangolins font chaque année l’objet d’un trafic illégal (leur commerce étant interdit depuis 2016 à l’échelle internationale) pour satisfaire la clientèle asiatique, Céline Sissler-Bienvenu, directrice d’IFAW pour la France et l’Afrique francophone, nous précise cependant « qu’à ce jour l’implication du pangolin n’est pas confirmée. Et quand bien même elle le serait, cela n ferait que souligner l’urgence qu’il y a, non seulement à interdire les marchés d’animaux vivants, lesquels sont des incubateurs parfaits pour les maladies zoonotiques, mais aussi à lutter plus efficacement contre le commerce illicite d’espèces sauvages, notamment protégées, telles que le pangolin, qui est le mammifère le plus braconné. Ce n’est pas seulement un enjeu de conservation. C’est une question de santé publique, un problème de biosécurité et une responsabilité de sécurité nationale. » En tout état de cause, pour cet animal – auquel fut consacrée le 15 février dernier une ‘‘journée mondiale’’ destinée à sensibiliser le public aux menaces qui pèsent sur lui –, c’est, pour le moins, la double peine : braconné de façon éhontée, et suspecté d’être le fameux ‘‘hôte intermédiaire’’…