C’est encore un bel exemple du choc des représentations contemporaines à l’égard de l’animal. Le 2 février dernier, en effet, décision a été prise, par le préfet de police de Paris, d’interdire la capture de lapins à des fins de régulation sur le site des Invalides, en retirant l’espèce du groupe 3 des Esod. Chaque année, environ quarante léporidés – sur plus de trois cents – y était pris à l’aide de furets puis relâchés dans d’autres départements, sous l’égide de la Ficif. Insupportable, pour l’association animaliste Paris Zoopolis (Paz), laquelle avait, dès juillet 2021, porté l’affaire devant les tribunaux alors que ce ‘‘combat’’ essentiel pour l’avenir de la capitale l’habitait depuis 2018. « Les lapins sont menacés de disparition en France ; il était incompréhensible qu’ils puissent être classés comme nuisibles
», a déclaré, comme nous l’apprend Le Figaro, la cofondatrice de Paz, Amandine Sanvisens. « Menacés », vraiment ? Sans commentaire… Sur les seize hectares que comptent les Invalides, les mignons petits garennes vont pouvoir continuer à malmener pelouses, arbres et fleurs, et à creuser tranquillement les charmantes galeries qui leur font office de maisons. Sachant qu’une lapine peut mettre au monde une vingtaine de lapereaux par an au minimum et qu’il n’est pas ici de prédateur, on peut se demander ce que coûtera à la collectivité et à la direction des Invalides cette nouvelle ‘‘victoire’’ des amis des bêtes, lubie proprement infantile qui, précisons-le, a reçu l’appui de la mairie de Paris.
Mais pour Amadine Sanvisens, cette question est infondée : « C’est un lieu extrêmement délimité par la nourriture et le terrain. Ils ne peuvent se reproduire indéfiniment. Plutôt qu’une menace, ils constituent une attraction pour les touristes… » Le lapin, c’est bien connu, sait se tenir, lui ! Et poser pour la photo, cravate au cou et poil peigné. Il y a quelques mois, la jeune femme, qui lutte également, et entre autres, contre la pêche et l’empoisonnement des rats à Paris, avait confié au Parisien : « Nous demandons aux militaires de cohabiter pacifiquement avec les lapins ». Une phrase à laquelle les soldats du Roi-Soleil et les grognards de Napoléon auraient assurément été sensibles.